
Parce qu’il n’a pas encore de réponses concrètes à apporter aux agriculteurs, le gouvernement a choisi de faire des écolos leurs boucs émissaires. Or ils sont les seuls à dénoncer de façon constante un modèle obsolète
En 1961, au plus fort de l’industrialisation de l’agriculture française, portée par le délire moderniste ambiant, Edgard Pisani, alors ministre de l’Agriculture du général de Gaulle, déclarait, très sérieusement : « Si demain, le lait doit être rouge ou les pommes carrées, il faudra que l’Inra [Institut national de la recherche agronomique, ndlr] se consacre à cela pour que nous puissions fabriquer des produits qui se vendent. Dans un marché ouvert, seul le client commande. » L’agriculture française n’a pas été jusque-là, heureusement. Mais la double injonction incompatible, adressée à l’agriculture, qui consistait à vouloir la souveraineté alimentaire et un grand secteur d’exportation (qui implique l’ouverture des frontières dans les deux sens), a mené toute une partie de la population agricole dans une impasse.
Impasse à force de surenchères technologiques, d’intrants toujours plus nécessaires à la productivité, de dettes et de dépendances envers les fournisseurs d’engrais ou de fourrages. (...)
– Ecouter sur France Inter le podcast : Nicolas Beytout x Thomas Legrand : Comment analyser la crise du monde agricole ? (14’31)
Les débatteurs du jour sont les éditorialistes Nicolas Beytout et Thomas Legrand, qui analysent le mouvement de colère des agriculteurs et la manière dont la gère le gouvernement.
Avec
- Nicolas Beytout Président de l’Opinion
- Thomas Legrand Journaliste, éditorialiste.