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Editions Amsterdam
La Haine des fonctionnaires
#fonctionnaires #fonctionpublique #servicespublics
Article mis en ligne le 7 novembre 2024
dernière modification le 3 novembre 2024

Tout le monde connaît l’équation : fonctionnaires = feignasses = pas rentables = emmerdeurs = protégés = profiteurs = archaïques = inutiles = à compresser. D’où vient son incroyable puissance d’évidence ? Et quels intérêts sert-elle ? Pourquoi certains (hauts) fonctionnaires comptent-ils parmi ceux qui la répètent le plus ? Pourquoi autant d’insultes contre celles et ceux qui voudraient servir le public en toute égalité, et si peu envers les actionnaires, les employeurs ou les pollueurs ?

Pour répondre à ces questions, ce livre part d’idées reçues, de scènes de la vie quotidienne et de stéréotypes. Nous entraînant dans les coulisses de la fonction publique, il dévoile les réalités vécues par les agents de ménage, les ouvriers des voiries, les secrétaires de mairie, les enseignants, les gardiens de prison et bien d’autres. Le dénigrement des fonctionnaires n’est en réalité qu’un prétexte à la détérioration accélérée des services publics. (...)

Julie Gervais, politiste (...)

Claire Lemercier, historienne (...)

Willy Pelletier, sociologue (...)

Lire aussi :

 (Mediapart)
Pourquoi le gouvernement et le RN alimentent « la haine des fonctionnaires »

Pour faire des économies, Michel Barnier envisage plusieurs mesures touchant directement les agents de la fonction publique. Un livre collectif, « La Haine des fonctionnaires », dénonce les stéréotypes mensongers sur ces agents.

« Prendre« Prendre ses responsabilités », « mesure d’économie », « pour les Français », « une réforme nécessaire », « au nom de l’intérêt général », « absentéisme » : le gouvernement de Michel Barnier a ressorti les éléments de langage chéris par le président Emmanuel Macron lorsqu’il s’agit de diminuer les droits sociaux. Après la réforme des retraites, ils visent cette fois les fonctionnaires dans le cadre du projet de loi de finances en discussion à l’Assemblée.

Deux mesures sont mises sur la table : l’allongement du délai de « carence » en cas d’arrêt maladie et la réduction de 100 à 90 % pendant trois mois du traitement perçu en cas d’arrêt maladie.

Le livre La Haine des fonctionnaires (édition Amsterdam) sorti à la rentrée dernière, et signé Julie Gervais, Claire Lemercier et Willy Pelletier, s’intéresse précisément à cette question des clichés qui collent à la peau des fonctionnaires, dont les arrêts maladie. (...)

Dans leur livre, Julie Gervais, Claire Lemercier et Willy Pelletier dénoncent l’usage de ce terme de « fonctionnaire », car ils considèrent que ce « n’est qu’un mot ». « L’appellation, presque, vaut faux en écriture publique, tant elle unifie abusivement des professions disparates, des niveaux de revenus sans commune mesure, des tâches hétéroclites, des passés sociaux distincts, des trajectoires inégales, des avenirs propulsifs ou pas, des formes de vie et des soucis on ne peut plus divers. » Cette appellation de « fonctionnaire » « indifférencie et par là camoufle les oppositions ».

Surtout, alimenter l’image négative et globalisante des fonctionnaires a des conséquences, selon Willy Pelletier. (...)

Le RN en embuscade

Ces préjugés qui dénigrent les fonctionnaires sont partagés par le Rassemblement national (RN). Celui-ci soutient d’ailleurs les mesures proposées par le camp présidentiel pour répondre au supposé « absentéisme » des agent·es. Son président Jordan Bardella s’y est dit « favorable », à « condition que les potentiels 900 millions d’euros qui seraient économisés puissent être utilisés pour financer des mesures en faveur du pouvoir d’achat ».

La seule chose qui inquiète les ténors du RN, c’est que cette mesure ne rapporte pas assez. Le vice-président du parti, Sébastien Chenu, se disait même « un peu dubitatif sur le financement, c’est-à-dire sur ce que ça rapporterait ».

Cette alliance de circonstance entre le RN et les macronistes n’étonne pas Willy Pelletier, pour deux raisons. La première provient du profil des cadres du RN : « Beaucoup viennent du privé ou sont des petits patrons, donc la détestation des fonctionnaires est un ciment symbolique. »

La seconde raison vient, selon lui, du fait que « les démolitions successives du service public reposent sur deux piliers : la recherche d’une rentabilité financière immédiate du service public et la caporalisassions des agents à la façon des petits patrons ». « Sur ce second volet, poursuit le sociologue, le RN s’y retrouve, car mettre au garde-à-vous ou encore infuser la crainte, c’est le programme traditionnel de l’extrême droite. » (...)

Diminuer « l’aide qu’apportent les services publics alimente encore la grande colère des milieux populaires qui nourrit le vote RN, lequel est un vote de vengeance sociale ».