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club de Mediapart/ Laure-Meriem Rouvier Journaliste
Journal d’une précaire, épisode 3 : le transport scolaire
#precarite #scolarite #transportScolaire #drome
Article mis en ligne le 3 décembre 2025
dernière modification le 1er décembre 2025

En France, l’instruction est obligatoire et gratuite. Enfin dans les mots. Pour se rendre à l’école, les enfants dans nos campagnes prennent le bus et jusqu’à présent, le transport pour se rendre au collège était gratuit. Mais, le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes en a décidé autrement. Coût : 140 euros !

Au mois de mai, les parents d’élèves apprenions que le bus que prennent nos ados pour aller étudier avec joie au collège, devenait payant. Et pas qu’un peu : 140 euros pour l’année, sans condition de revenus. Jusqu’à présent, seul le transport pour le lycée était payant. On pourrait y voir une corrélation entre l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans, sa gratuité et le fait de ne pas payer pour s’y rendre. Aujourd’hui, cela ne tient plus. Il faut payer pour apprendre !

L’argument est qu’avec cet abonnement, les enfants pourront se rendre partout dans la région, sans payer davantage. C’est vrai que les gamins de 11 ans, vont aller seuls à Lyon faire du shopping ou à l’opéra. En plus, un enfant de moins de 12 ans ne peut pas prendre le train sans accompagnement. Et même si cela peut arriver, les trajets ne coûteront que très rarement 140 euros pour l’année.

Dans ma région, un million de personnes vit sous le seuil de pauvreté, une famille mono-parentale sur quatre et mon département, la Drôme, fait partie des plus touchés (source Insee). Pour tous ces citoyen.nes, 140 euros à rajouter au budget, c’est une somme. Même s’ils se sont montrés grands seigneurs (ou saigneurs) en proposant un paiement en trois fois. Imaginez une famille à 2000 euros avec deux enfants scolarisés au collège, il faut sortir 240 euros. C’est très très compliqué !

Les enfants payent les dîners

Quand nous avons reçu le courrier nous annonçant la nouvelle, une mobilisation s’est mise en place. Enfin pas tout de suite, car il fallait aussi gérer l’augmentation des effectifs dans les classes, la baisse du nombre de profs, des enfants avec des notifications Segpa qui n’avaient pas de place à la rentrée. Bref, des trucs de tous les jours.

Trois semaines plus tard, je décide d’appeler le service transport de la Région, pour leur demander la raison de ce changement. La conseillère me répond du tacotac : « Mais vous savez combien coûte le transport d’un enfant ? 1200 euros par an ». Je réponds : « Vous savez combien coûte un dîner des sommet de Wauquiez ? 100 000 euros ». Un invité pour une soirée, équivaut à un élève. « Mais, ce n’est pas la même chose », assume cette fonctionnaire qui préfère fayoter que de voir une réalité sociale. « Je préférerais que le président de Région fasse des économies sur ses cocktails et autre repas de luxe et que les enfants puissent aller à l’école gratuitement », dis-je un poil énervé. Et puis, je me suis permis de lui rappeler que dans service public, il y a service et que c’est à ça que servent nos impôts. J’imagine que cette fonctionnaire avait oublié cette notion, pourtant au coeur de son métier. Tout le monde l’a donc compris, l’échange n’a pas été très constructif. Des courriers ont été envoyés et tous sont restés lettre morte. Ils ne vont pas répondre aux gueux, non plus !

(...)