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« Il faut des villes accueillantes » : à Paris, un collectif lutte contre les dispositifs anti-SDF
#JO2024 #nettoyagesocial #Paris #hébergements #expulsions #SDF
Article mis en ligne le 26 juin 2024
dernière modification le 24 juin 2024

Alors que Paris s’apprête à accueillir les JO, une association lance une campagne contre le mobilier urbain destiné à chasser les sans-abri. Elle appelle à des villes plus accessibles pour tout le monde, avec ou sans toit

Gilles, 60 ans, a vécu pendant quinze ans dans la rue. Devant l’entrée d’un immeuble parisien, il montre des boules en fonte vissées au sol. « C’est pour empêcher de s’asseoir et de faire la manche », indique l’homme. (...)

Ces types de mobiliers destinés à exclure les sans-abri sont de plus en plus nombreux à Paris, encore plus à l’approche des Jeux Olympiques, dénonce l’association La Cloche. Elle lutte contre l’exclusion des personnes en situation de précarité. Début juin, elle organisait une visite guidée un peu particulière dans le quartier de Bastille, à Paris. (...)

Ces mobiliers, souvent appelés dispositifs anti-SDF, se sont multipliés à l’approche de l’événement sportif. (...)

En Ile-de-France, près de 13 000 personnes ont été expulsées de leurs lieux de vie entre avril 2023 et mai 2024, parfois en dehors de la région, alerte le collectif Le Revers de la médaille dans un rapport. Il peut s’agir d’expulsions de bidonvilles, de regroupements de tentes, de squats ou des lieux de vie de personnes voyageuses.

Le collectif a constaté une hausse de 38,5 % de ces expulsions par rapport à la période 2021-2022. Parmi ces personnes expulsées de leurs lieux de vie informels sans solution de relogement, « 3434 étaient mineures, soit deux fois plus que l’an dernier », précise le Revers de la médaille. Des associations dénoncent un « nettoyage social » en cours à l’encontre des populations les plus précarisées.

Les JO chassent les sans-abri

« Comment faire pour que ces JO soient vraiment une fête ? » se demande la directrice de l’association La Cloche. (...)

« Aujourd’hui, ça m’arrive de devoir marcher pendant près de deux heures avant de trouver un endroit où dormir » (...)

« Quand on est à la rue, on est considéré comme des gens malpropres, drogués, alcooliques. Ça me fait mal au cœur que les gens pensent ça de moi. » (...)

A certains arrêts de métro et certains arrêts de bus, il n’y a d’ailleurs tout simplement plus de bancs. « Les femmes enceintes, les personnes handicapées, les personnes âgées se retrouvent mises de côté, c’est ça la politique actuelle ! » affirme Jean-Pierre devant un minuscule banc transformé pour la visite en une table de ping-pong. « On n’a pas toujours vingt ans, remettez des bancs pour tout le monde ! », appelle le bénévole. (...)

Des abribus sans bancs (...)

Soutenue par la Fondation Abbé-Pierre, l’association a collé un peu partout à Paris des affiches pour dénoncer la situation engendrée par ce mobilier excluant. Elle invite chacun et chacune à partager des photos de ces dispositifs sur les réseaux, accompagnées du hashtag #StopMobilierExcluant, et plaide pour une société plus accessible pour toutes et tous.

En 2020, accompagnée par le cabinet d’architecte Studaré et l’association Des cris des villes, la Cloche expérimentait déjà un projet visant à créer des mobiliers urbains inclusifs, notamment des grands bancs et des grandes assises, sur lesquelles ont peut s’allonger et se reposer. (...)

Mais l’expérimentation s’est heurtée à de nombreux obstacles. (...)

« On est toutes et tous responsables, appuie Manuel Domergue. La Ville de Paris s’est engagée en 2018 à ne plus avoir recours à ces méthodes. Mais ce sont aussi les régies de transport, les commerçants qui installent ces objets devant leur devanture, des copropriétaires qui n’ont pas envie de voir leur entrée squattée. C’est important que toute la société s’empare de cette question. Il faut aménager de nouvelles places publiques et mettre en place des dispositifs inclusifs en attendant des solutions concrètes d’accès au vrai logement. Il faut des villes qui soient gratuites, hospitalières et accueillantes », résume le directeur d’études de la Fondation-Abbé Pierre.