
Depuis 8h ce jeudi 26 octobre, environ 200 agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ont installé un piquet de grève, devant les locaux de l’agence, dans le Val-de-Marne. À l’appel de la CGT et du syndicat interne Asyl, ils se sont massivement mis en grève.
Les officiers, chargés d’entendre les récits des exilés, de les vérifier et de rédiger une décision d’admission ou de rejet de leur demande de protection - qui sera validée par leur supérieur - sont à bout. Leurs conditions de travail n’ont eu de cessent de se dégrader ces dernières années, disent-ils.
Politique du chiffre
Chaque année, un officier doit émettre 364 décisions d’asile, en vertu d’un contrat signé par la direction de l’établissement avec ses ministères de tutelle, l’Intérieur et le Budget. "Ce chiffre est le seul critère d’évaluation de leur travail", peut-on lire dans un communiqué de l’intersyndical.
Une politique du chiffre, jugée incompatible avec la mission de ces salariés. "Les agents doivent être attentifs à chaque situation individuelle, prendre le temps nécessaire pour écouter les récits et se renseigner sur la situation politique de tel ou tel pays afin de prendre une décision juste", insiste à InfoMigrants Anouk Lerais, de la CGT Ofpra. "On a l’impression d’être géré comme une entreprise privée alors qu’on répond à une mission de service public", continue-t-elle. (...)
Les objectifs chiffrés de la direction peuvent avoir de lourdes conséquences pour les demandeurs d’asile, dont la réponse à leur dossier déterminera leur avenir en France. Sous pression, les agents risquent de négliger un dossier ou d’en expédier un autre. (...)
Par ailleurs, au fil des années, la tâche de ces salariés s’est encore complexifiée. Au gré des différentes lois, de nouvelles compétences sont demandées aux agents. Ils doivent désormais "s’improviser enquêteurs afin de détecter des personnes susceptibles de représenter une menace à l’ordre public", écrivent les représentants syndicaux.
La cadence "infernale" imposée aux agents de protection provoque des départs en cascade. (...)
Le service de la Protection, qui délivre les actes d’état civil aux nouveaux réfugiés, est, lui, sous-dimensionné. Ces derniers attendent des mois, voire des années pour obtenir leur document administratif, indispensable à leur intégration en France. (...)