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FNSEA : Le gouvernement au chevet des « agro-terroristes »
#agriculture #FNSEA #UE #Macron
Article mis en ligne le 25 janvier 2024
dernière modification le 24 janvier 2024

En pleine contestation paysanne, le gouvernement cherche une porte de sortie avec la FNSEA, principal syndicat agricole. Cet interlocuteur privilégié des pouvoirs publics depuis plus d’un demi-siècle est pourtant un groupe violent, à côté duquel les black blocs font figure d’enfants de chœur. Et son impunité tranche avec la diabolisation de « l’ultra gauche » ou autres « éco-terroristes ».

Ayant beaucoup travaillé sur les black blocs - que certains syndicalistes policiers qualifient de terroristes - j’ai l’habitude de poser la devinette suivante à ceux qui dénoncent avec emphase l’« ultra » violence de l’« ultra-gauche » (toujours rajouter ultra, ça rend la menace plus terrifiante) : qui a saccagé le bureau d’une ministre ? De quelle mouvance sont issus les extrémistes qui ont retenu une ministre pendant deux heures, obligeant les forces de l’ordre à l’évacuer par hélicoptère ? Dans quelles manifestations sont régulièrement, attaqués, vandalisés parfois même incendiés, des bâtiments publics ? Qui attaque régulièrement les locaux d’organisations qui lui sont opposées, voire, comme en mars 2023, le domicile personnel d’un militant ? De quelle organisation sont membres ces sortes de « zadistes » d’un nouveau genre qui occupent depuis maintenant 5 jours une autoroute, pas dérangés le moins du monde par les forces de l’ordre, et cajolés par un Darmanin rassurant qui a promis de ne pas leur envoyer la maréchaussée ?

Des black blocs ? Des « éco-terroristes » ? Des gilets jaunes ? Des hooligans ? Des complotistes délirants ? Ayant énuméré toutes ces différentes catégories incarnant le mal absolu, l’interlocuteur sèche, plongé dans des abimes de perplexité, concédant qu’en tout cas une telle organisation devrait être dissoute.

Cette organisation, c’est la FNSEA, premier syndicat d’agriculteurs en France. (...)

Des incendiaires félicités par un responsable de la FNSEA (...)

Des sympathisants de la FNSEA s’en prennent aussi parfois à leurs opposants. Le 22 mars dernier, en Charente-Maritime, 3 jours avant la fameuse manifestation de Sainte-Soline, des agriculteurs revenant d’une manif de la FNSEA pro pesticides et pro mégabassines ont attaqué à coups de pierres le domicile du vice-président de l’antenne locale de France nature environnement. Tagués sur le sol : des propos obscènes et homophobes, d’une élégance digne d’un Depardieu.

2000 manifestants qui cassent plus efficaces que 10 000 qui défilent dans le calme (...)

C’est pourtant bien cette organisation que le premier ministre a choisi de recevoir en grandes pompes le 22 janvier. (...)

Pourquoi une telle différence de traitement ? En réalité, la FNSEA, pour violente qu’elle puisse être contre des institutions étatiques ou les forces de l’ordre, ne remet pas en cause le système libéral et productiviste. Il est même son allié. Le mouvement actuel, comme la plupart des mobilisations de la FNSEA, s’en prend aux charges, aux normes, notamment environnementales, à l’administration tatillonne (qui est certes un réel problème, mais loin d’être l’unique cause du malaise des agriculteurs). Bref, elle s’en prend à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une régulation du capitalisme agricole.

Malgré un discours de façade respectueux de l’environnement - ainsi a été créé un label bidon « agriculture raisonnée », qui en réalité signifie « non bio mais qui pollue-pas-trop-quand-même » - la FNSEA veut du pesticide, des produits chimiques et toute sorte de saloperies qui permettent de polluer en paix. Le syndicat a milité pour la ré-autorisation du glyphosate et des néonicotinoïdes, réclamés à cors et à cris par les betteraviers. (...)

Le président du syndicat dans l’Aude réclame « l’élaboration de règles d’utilisation des données publiques agricoles ». Des fois que ça tomberait entre les mains d’éco-terroristes de la Confédération paysanne, d’Alterniba ou de l’excellent média indépendant Reporterre...

Le défenseur du capitalisme le plus sauvage

La FNSEA ne s’en prend jamais, ou très rarement, aux grands groupes capitalistes qui se goinfrent sur son dos, la grande distribution ou l’agro-industrie (...)

Situation ubuesque : le patron du premier syndicat d’agriculteurs vient de ce monde de l’agro-industrie qui dicte sa loi sur les prix payés aux paysans. Un peu comme si la CGT était dirigée par un patron du CAC 40.