
En visite au Sommet de l’élevage près de Clermont-Ferrand vendredi 4 octobre, le premier ministre a précisé le budget débloqué en réponse à l’épidémie qui décime les troupeaux de brebis depuis cet été. Laissant de côté une bonne partie des exploitations touchées.
(...) Dans la foulée de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, qui a fait la même visite la veille, le premier ministre a précisé les contours du fonds d’indemnisation annoncé par sa collègue pour les élevages de brebis décimés depuis cet été par l’épidémie de FCO (fièvre catarrhale ovine). Et a annoncé un nouvel allègement des normes environnementales en agriculture.
Au total, 75 millions d’euros vont être débloqués pour indemniser les pertes d’animaux, et mis en place des prêts garantis par l’État. Seules les exploitations touchées par l’épidémie de FCO3 pourront bénéficier du fonds, tout comme du programme de vaccination gratuite dont Annie Genevard a promis jeudi qu’il serait « massif ». Ce variant, arrivé par la Belgique et le nord de la France au début du mois d’août, est à l’origine d’une maladie nouvelle, selon les services de l’État. (...)
L’autre, la FCO8 – arrivée par l’Espagne puis les Pyrénées-Orientales et l’Ariège dès le début de l’été et tout aussi dévastatrice – est considérée comme « endémique » et les élevages concernés ne pourront bénéficier d’aucune prise en charge financière. Les deux variants se sont répandus sur une grande partie du territoire, et au total, 20 % des animaux seraient morts, a avancé, jeudi, Annie Genevard.
« C’est d’un cynisme absolu, juge Laurence Marandola, la porte-parole du syndicat de la Confédération paysanne. Les éleveurs dans le Sud touchés par l’épidémie font face à la même détresse que les autres mais ne vont pas être traités pareil. Il va y avoir un vaccin FCO3 disponible partout et gratuit. Tandis que le FCO8 ne sera pas remboursé et ne sera même pas disponible en quantité suffisante avant juin 2025. »
Réduction des normes
Dans ses brèves annonces à destination du monde agricole – une bonne partie de son intervention à Cournon-d’Auvergne étant destinée à préparer les esprits à la cure d’austérité générale qu’il compte faire voter avec le projet de budget 2025 –, le premier ministre a également promis d’« assouplir les règles de l’épandage » – c’est-à-dire l’étalement de l’engrais dans les champs – et d’en reporter la date limite, actuellement fixée au 1er octobre, au 15 novembre. Michel Barnier va donner plus de marge de manœuvre aux préfets et préfètes sur ce sujet, a-t-il annoncé aux micros des journalistes.
Cette annonce sortie du chapeau s’ajoute à toutes les levées de normes environnementales décidées depuis le début de l’année en réponse à la colère agricole, et demandées à la fois par les syndicats productivistes FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), et le syndicat de la Coordination rurale (CR). Elle s’inscrit pleinement dans la longue liste de requêtes envoyées en janvier à Matignon par la FNSEA-JA, dans laquelle on pouvait lire, parmi de nombreux points : « Afficher la pause normative et le chantier de réduction des normes. » (...)