
Dans un rapport publié jeudi, le collectif inter-associatifs "Accès au Droit" documente la récurrence violences verbales et physiques commises à l’encontre des migrants lors des démantèlements de campements informels par les forces de l’ordre, en Île-de-France. Une stratégie qui viserait à décourager définitivement les exilés de s’installer dans la rue, à l’approche des Jeux Olympiques 2024.
Créé en 2023, le collectif qui rassemble des bénévoles d’associations, des juristes, et chercheurs spécialisés, a documenté les violences verbales ou physiques associées aux évacuations de campements de réfugiés en Île-de-France depuis 2015.
Le collectif a recensé 448 témoignages de violences policières en huit ans, dont 88% résultent de "situations d’évictions, de dispersions dans l’espace public". Un tiers des témoignages (30%) rassemblés concernent des violences physiques, du simple coup de pied au passage à tabac, et un autre tiers (33%) des confiscations ou destructions de biens. Le rapport précise que "l’immense majorité de ces violences s’est déroulée dans le nord-est de Paris, dans le 18,19,20e arrondissement et les communes limitrophes du 93". Celles-ci sont "très largement sous-documentées car elles se produisent dans des lieux isolés, à des heures ’invisibles’, rendant difficile le recueil de preuves pour envisager d’entreprendre un recours."
Par ailleurs, les exilés vont rarement porter plainte après avoir été victimes de violences "considérant tout recours inutile notamment à cause d’un faible niveau de confiance envers les forces de l’ordre".
L’évacuation du campement place de la République
Les membres du projet ont décidé de lancer ce travail de documentation après l’évacuation violente du campement informel place de la République (Xe arrondissement) où dormaient près de 500 migrants, en grande majorité Afghans, le 24 novembre 2020. (...)
Mais d’après le collectif Accès au droit, les violences policières sur les campements de migrants n’ont fait que s’amplifier depuis cet épisode. "Cette violence policière constitue une troisième violence après celle du départ et du parcours migratoire", rappelle le collectif qui estime que l’imminence des Jeux Olympiques 2024 (26 juillet-11 août 2024) pousse les autorités à pousser les migrants hors de Paris pour faire place nette. (...)
Sur les huit dernières années, le CAD estime que la préfecture d’Île-de-France a procédé à 369 opérations d’évacuation de campement impliquant 80 000 migrants. Une cadence infernale qui n’est pas sans conséquences sur la santé mentale des exilés : "Il peut y avoir un épuisement psychique énorme, un sentiment d’insécurité constant parce qu’ils sont toujours en état d’alerte. Concrètement, cela provoque des insomnies, des cauchemars, et un comportement d’évitement vis-à-vis des forces de police", témoigne Leticia Bertuzzi, psychologue et coordinatrice santé mentale chez Médecins sans frontières (MSF). (...)
le rapport est ici