
Dans les années 1970 et 1980, les dictatures militaires du Cône sud de l’Amérique latine ont férocement réprimé leurs opposants, utilisant à grande échelle les techniques de la " guerre sale " (rafles, torture, exécutions, escadrons de la mort...).
C’est en enquêtant sur l’organisation transnationale dont s’étaient dotées ces dictatures – ; le fameux " Plan Condor " – ; que Marie-Monique Robin a découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation à ces méthodes de leurs homologues latino-américains. Dès la fin des années 1950, les méthodes de la " Bataille d’Alger " sont enseignées à l’École supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où s’installe une " mission militaire permanente française " constituée d’anciens d’Algérie. De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la " guerre moderne ", qu’ils applique-ront au Sud-Viêtnam. (...)
une page occulte de l’histoire de France, où se croisent aussi des anciens de l’OAS, des fascistes européens ou des " moines soldats " agissant pour le compte de l’organisation intégriste la Cité catholique...
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– (Marie-Monique Robin)
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Escadrons de la mort, l’école française
« Avec ce film, la réalisatrice Marie-Monique Robin a réussi un tour de force : secouer la mémoire d’un pays – l’Argentine – et déclencher une réaction en chaîne dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. » Télérama (...)
– (La Cause du Peuple avril 2019)
Escadrons de la mort. Des documents de la CIA révèlent le fonctionnement du Plan Condor
RAPPEL
L’opération Condor (en espagnol : Operación Cóndor) est le nom donné à une campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis au milieu des années 1970. Les dictatures militaires alors en place en Amérique latine — dirigées à Santiago du Chili par Augusto Pinochet, à Asuncion par Alfredo Stroessner, à Buenos Aires par Jorge Rafael Videla, à Montevideo par Juan Bordaberry, à Sucre par Hugo Banzer et à Brasilia par Ernesto Geisel — ont envoyé des agents secrets poursuivre et assassiner les dissidents politiques jusqu’en Europe (France1, Italie, Portugal, Espagne...) et aux États-Unis (phase 3 de l’opération Condor, qui culmina avec l’assassinat d’Orlando Letelier, ancien ministre de Salvador Allende, en septembre 1976 à Washington D.C.).
Diverses techniques de terreur étaient employées par les services secrets, notamment la noyade ; la transmission d’enregistrements sonores de cris de proches torturés ; et les « vols de la mort » au-dessus du rio de la Plata. La terreur d’État visait explicitement les « guérilleros terroristes gauchistes » (Tupamaros en Uruguay, Mouvement de la gauche révolutionnaire chilienne, Montoneros en Argentine, etc.) au nom de la dite « doctrine de la sécurité nationale », bien qu’elle ait en réalité touché n’importe quel « dissident potentiel » ainsi que leurs proches (famille et amis). L’État argentin a d’ailleurs cherché à justifier les actes de terrorisme commis au début des années 1980 en invoquant la « théorie des deux démons » – théorie qui dressait une équivalence entre, d’une part, les crimes commis par les juntes militaires et leurs escadrons de la mort, et, d’autre part, l’action révolutionnaire des groupes armés de gauche.