L’Italie découvrait avec stupeur en août l’existence de sites où des hommes s’échangent des clichés intimes de leur compagne sans leur consentement. Le procédé existe aussi en Suisse romande.

(...) Le principe ? Des hommes en couple demandent ou proposent à d’autres individus des clichés intimes de leur compagne. Parfois, il s’agit d’un échange à sens unique, parfois les corps dénudés de ces femmes capturés dans la sphère privée sont troqués.

« À disposition pour discuter en détail de ta femme, épouse ou copine. Laisse-moi admirer ses photos ou vidéos pendant qu’on fantasme sur elle », annonce un autre utilisateur. Le consentement des épouses et des petites amies, lui, n’est jamais mentionné, voire explicitement outrepassé, selon les recherches de nos confrères.

Avant la Suisse, des affaires en Italie et ailleurs
Ces « viols numériques » ne sont pas sans rappeler les abuseurs de Gisèle Pelicot, recrutés en ligne par son époux entre 2011 à 2020, et les récents scandales qui ont éclaboussé l’Italie fin août.(...)

Continuum des violences sexistes et sexuelles
« Les hommes ont toujours partagé le corps des femmes », a réagi la spécialiste des questions de genre Coline de Senarclens auprès de Watson. Pour la sociologue Anna Simone, interrogée par « La Repubblica », cette forme d’appropriation du corps des femmes par les hommes est une manière de se venger de l’émancipation féminine, maintenant que « leurs » compagnes ne sont plus sous leur égide.

À noter que le troc de ces images privées à l’insu des femmes est une pratique illégale en Suisse, que le contenu soit à caractère sexuel ou non, rappelle Watson. Or, comme les infractions sont poursuivies sur plainte uniquement, c’est à la victime d’entamer une procédure. Difficile d’entreprendre quoi que ce soit, donc, si une femme ne sait pas que son époux partage ses nudes avec d’autres hommes.