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L’autonomie des femmes à l’ère des politiques natalistes
#Inde #femmes #politiquesNatalistes
Article mis en ligne le 16 décembre 2025
dernière modification le 14 décembre 2025

Les politiques natalistes, qui gagnent actuellement du terrain en Inde, sont des outils de contrôle social qui renforcent les normes de genre. Ces programmes nuisent à la justice reproductive en privilégiant les objectifs démographiques au détriment de l’autonomie ; nous avons besoin d’une approche fondée sur les droits, axée sur le choix, la dignité et le bien-être équitable.

En bref
— Le discours nataliste de plus en plus présent en Inde reflète des inquiétudes politiques profondes concernant les changements démographiques et la représentation fédérale.
— L’approche historique de l’Inde en matière de santé reproductive a souvent donné la priorité au contrôle démographique plutôt qu’à l’autonomie individuelle, révélant une tension persistante entre les droits et les objectifs démographiques.
— Les nouvelles politiques natalistes en Inde encouragent non seulement la natalité, mais sapent également les droits reproductifs, en particulier parmi les communautés marginalisées, créant ainsi une hiérarchie de légitimité en matière de planification familiale.
— La contradiction au sein des politiques démographiques indiennes met en évidence la nécessité d’un cadre fondé sur les droits qui privilégie le choix individuel et le bien-être holistique plutôt que de simples considérations démographiques.

emmes à l’ère des politiques natalistes

Les politiques natalistes, qui gagnent actuellement du terrain en Inde, sont des outils de contrôle social qui renforcent les normes de genre. Ces programmes nuisent à la justice reproductive en privilégiant les objectifs démographiques au détriment de l’autonomie ; nous avons besoin d’une approche fondée sur les droits, axée sur le choix, la dignité et le bien-être équitable.

En bref
— Le discours nataliste de plus en plus présent en Inde reflète des inquiétudes politiques profondes concernant les changements démographiques et la représentation fédérale.
— L’approche historique de l’Inde en matière de santé reproductive a souvent donné la priorité au contrôle démographique plutôt qu’à l’autonomie individuelle, révélant une tension persistante entre les droits et les objectifs démographiques.
— Les nouvelles politiques natalistes en Inde encouragent non seulement la natalité, mais sapent également les droits reproductifs, en particulier parmi les communautés marginalisées, créant ainsi une hiérarchie de légitimité en matière de planification familiale.
— La contradiction au sein des politiques démographiques indiennes met en évidence la nécessité d’un cadre fondé sur les droits qui privilégie le choix individuel et le bien-être holistique plutôt que de simples considérations démographiques.

Le 11 juillet 2025, lors d’un sommet organisé à l’occasion de la Journée mondiale de la population, le ministre en chef de l’Andhra Pradesh, N. Chandrababu Naidu, a déclaré : « Nous allons bientôt mettre en place une politique forte en matière de croissance démographique. La population est notre ressource économique la plus importante. Le monde dépend de plus en plus des pays à forte population ».

Cette déclaration n’est pas isolée. Elle révèle une tendance croissante en Inde, en particulier dans les États du sud, où la baisse des taux de fécondité est de plus en plus considérée comme une préoccupation. Si le raisonnement officiel invoque principalement les craintes liées à la diminution de la main-d’œuvre, au ralentissement de la croissance économique et au vieillissement de la population, des courants politiques plus profonds sont à l’œuvre (Lyngdoh et al. 2024 ; Saggurti et Gupta 2025).

Bien que l’Inde prétende pratiquer un fédéralisme coopératif, les États du sud sont de plus en plus sceptiques quant à son fonctionnement réel. Ce scepticisme a conduit à une contestation accrue du fédéralisme. Les questions clés comprennent la manière dont le fédéralisme fiscal est géré, la pression en faveur de la centralisation linguistique, en particulier par l’imposition de l’hindi, et l’abus des pouvoirs du gouverneur dans les affaires de l’État.

Le fédéralisme fiscal est étroitement lié à la population. (...)

emmes à l’ère des politiques natalistes

Les politiques natalistes, qui gagnent actuellement du terrain en Inde, sont des outils de contrôle social qui renforcent les normes de genre. Ces programmes nuisent à la justice reproductive en privilégiant les objectifs démographiques au détriment de l’autonomie ; nous avons besoin d’une approche fondée sur les droits, axée sur le choix, la dignité et le bien-être équitable.

En bref
— Le discours nataliste de plus en plus présent en Inde reflète des inquiétudes politiques profondes concernant les changements démographiques et la représentation fédérale.
— L’approche historique de l’Inde en matière de santé reproductive a souvent donné la priorité au contrôle démographique plutôt qu’à l’autonomie individuelle, révélant une tension persistante entre les droits et les objectifs démographiques.
— Les nouvelles politiques natalistes en Inde encouragent non seulement la natalité, mais sapent également les droits reproductifs, en particulier parmi les communautés marginalisées, créant ainsi une hiérarchie de légitimité en matière de planification familiale.
— La contradiction au sein des politiques démographiques indiennes met en évidence la nécessité d’un cadre fondé sur les droits qui privilégie le choix individuel et le bien-être holistique plutôt que de simples considérations démographiques.

Le 11 juillet 2025, lors d’un sommet organisé à l’occasion de la Journée mondiale de la population, le ministre en chef de l’Andhra Pradesh, N. Chandrababu Naidu, a déclaré : « Nous allons bientôt mettre en place une politique forte en matière de croissance démographique. La population est notre ressource économique la plus importante. Le monde dépend de plus en plus des pays à forte population ».

Cette déclaration n’est pas isolée. Elle révèle une tendance croissante en Inde, en particulier dans les États du sud, où la baisse des taux de fécondité est de plus en plus considérée comme une préoccupation. Si le raisonnement officiel invoque principalement les craintes liées à la diminution de la main-d’œuvre, au ralentissement de la croissance économique et au vieillissement de la population, des courants politiques plus profonds sont à l’œuvre (Lyngdoh et al. 2024 ; Saggurti et Gupta 2025).

Bien que l’Inde prétende pratiquer un fédéralisme coopératif, les États du sud sont de plus en plus sceptiques quant à son fonctionnement réel. Ce scepticisme a conduit à une contestation accrue du fédéralisme. Les questions clés comprennent la manière dont le fédéralisme fiscal est géré, la pression en faveur de la centralisation linguistique, en particulier par l’imposition de l’hindi, et l’abus des pouvoirs du gouverneur dans les affaires de l’État.

Le fédéralisme fiscal est étroitement lié à la population. Par exemple, la formule utilisée par la 15e Commission des finances pour décider de la répartition des recettes fiscales entre les États repose désormais sur les données du recensement de 2011. Elle recommande également des allocations pour plusieurs programmes financés par le gouvernement central sur la base des chiffres par habitant. Ce changement affecte en particulier les subventions destinées à la santé, à la gouvernance locale et à la gestion des catastrophes.

Souvent, les décisions politiques semblent favoriser les investissements dans les États qui obtiennent de mauvais résultats, plutôt que de récompenser ceux qui ont obtenu de bons résultats. Cette tendance est souvent renforcée par le favoritisme dont bénéficient les États qui sont politiquement alignés sur le gouvernement central.

Dans ce contexte, le prochain exercice de délimitation, qui redistribuera les sièges parlementaires à l’aide de données démographiques actualisées, a suscité un malaise important. Les États du sud craignent de perdre leur représentation politique et d’être marginalisés. Parallèlement, les États ayant des taux de fécondité plus élevés pourraient acquérir une influence disproportionnée. Ces craintes ont encouragé un soutien subtil, mais croissant, aux politiques natalistes qui peuvent se faire au détriment des droits individuels et de l’autonomie reproductive. Ce débat reflète une lutte plus large impliquant des facteurs démographiques, sociaux et culturels, la gouvernance et le fédéralisme équitable.

Un paysage politique conflictuel (...)

Les politiques démographiques de l’Inde se sont traditionnellement concentrées sur des chiffres, tels que l’indice synthétique de fécondité et le rapport de masculinité à la naissance. L’autonomie individuelle a fait l’objet de beaucoup moins d’attention. (...)

L’absence de communication claire sur la nécessité, la légalité et la sécurité des services d’avortement a permis la propagation d’opinions négatives. En conséquence, des barrières sociales et psychologiques persistantes rendent désormais plus difficile l’accès aux services d’avortement.

En outre, pour ajouter à ces difficultés, le cadre juridique indien comporte également de solides fondements anti-choix. (...)

dans la pratique, l’environnement politique indien reste un mélange confus d’éléments pro-natalistes, pro-choix et anti-choix, reflétant souvent des priorités étatiques contradictoires. (...)

Les politiques natalistes, qui gagnent actuellement du terrain en Inde, sont des outils de contrôle social qui renforcent les normes de genre. Ces programmes nuisent à la justice reproductive en privilégiant les objectifs démographiques au détriment de l’autonomie ; nous avons besoin d’une approche fondée sur les droits, axée sur le choix, la dignité et le bien-être équitable.

En bref
— Le discours nataliste de plus en plus présent en Inde reflète des inquiétudes politiques profondes concernant les changements démographiques et la représentation fédérale.
— L’approche historique de l’Inde en matière de santé reproductive a souvent donné la priorité au contrôle démographique plutôt qu’à l’autonomie individuelle, révélant une tension persistante entre les droits et les objectifs démographiques.
— Les nouvelles politiques natalistes en Inde encouragent non seulement la natalité, mais sapent également les droits reproductifs, en particulier parmi les communautés marginalisées, créant ainsi une hiérarchie de légitimité en matière de planification familiale.
— La contradiction au sein des politiques démographiques indiennes met en évidence la nécessité d’un cadre fondé sur les droits qui privilégie le choix individuel et le bien-être holistique plutôt que de simples considérations démographiques.

Le 11 juillet 2025, lors d’un sommet organisé à l’occasion de la Journée mondiale de la population, le ministre en chef de l’Andhra Pradesh, N. Chandrababu Naidu, a déclaré : « Nous allons bientôt mettre en place une politique forte en matière de croissance démographique. La population est notre ressource économique la plus importante. Le monde dépend de plus en plus des pays à forte population ».

Cette déclaration n’est pas isolée. Elle révèle une tendance croissante en Inde, en particulier dans les États du sud, où la baisse des taux de fécondité est de plus en plus considérée comme une préoccupation. Si le raisonnement officiel invoque principalement les craintes liées à la diminution de la main-d’œuvre, au ralentissement de la croissance économique et au vieillissement de la population, des courants politiques plus profonds sont à l’œuvre (Lyngdoh et al. 2024 ; Saggurti et Gupta 2025).

Bien que l’Inde prétende pratiquer un fédéralisme coopératif, les États du sud sont de plus en plus sceptiques quant à son fonctionnement réel. Ce scepticisme a conduit à une contestation accrue du fédéralisme. Les questions clés comprennent la manière dont le fédéralisme fiscal est géré, la pression en faveur de la centralisation linguistique, en particulier par l’imposition de l’hindi, et l’abus des pouvoirs du gouverneur dans les affaires de l’État.

Le fédéralisme fiscal est étroitement lié à la population. Par exemple, la formule utilisée par la 15e Commission des finances pour décider de la répartition des recettes fiscales entre les États repose désormais sur les données du recensement de 2011. Elle recommande également des allocations pour plusieurs programmes financés par le gouvernement central sur la base des chiffres par habitant. Ce changement affecte en particulier les subventions destinées à la santé, à la gouvernance locale et à la gestion des catastrophes.

Souvent, les décisions politiques semblent favoriser les investissements dans les États qui obtiennent de mauvais résultats, plutôt que de récompenser ceux qui ont obtenu de bons résultats. Cette tendance est souvent renforcée par le favoritisme dont bénéficient les États qui sont politiquement alignés sur le gouvernement central.

Dans ce contexte, le prochain exercice de délimitation, qui redistribuera les sièges parlementaires à l’aide de données démographiques actualisées, a suscité un malaise important. Les États du sud craignent de perdre leur représentation politique et d’être marginalisés. Parallèlement, les États ayant des taux de fécondité plus élevés pourraient acquérir une influence disproportionnée. Ces craintes ont encouragé un soutien subtil, mais croissant, aux politiques natalistes qui peuvent se faire au détriment des droits individuels et de l’autonomie reproductive. Ce débat reflète une lutte plus large impliquant des facteurs démographiques, sociaux et culturels, la gouvernance et le fédéralisme équitable.

Un paysage politique conflictuel
L’approche de l’Inde en matière de santé reproductive et de contrôle démographique a longtemps été façonnée par des facteurs culturels, sociaux et politiques. L’Inde a été l’un des premiers pays à mettre en place un programme de planification familiale financé par l’État en 1952.

Depuis sa création, ce programme a été façonné par la conviction que « le développement est le meilleur contraceptif ». Ancré dans une vision néo-malthusienne du monde, il partait du principe que la croissance démographique incontrôlée menaçait les ressources limitées et le développement économique, perpétuant ainsi la pauvreté. Les pays occidentaux ont renforcé cette vision. Ils ont encouragé le contrôle démographique dans les pays du Sud, en particulier en Inde, comme étant nécessaire à la stabilité mondiale et au progrès vers la modernisation.

Les politiques démographiques de l’Inde se sont traditionnellement concentrées sur des chiffres, tels que l’indice synthétique de fécondité et le rapport de masculinité à la naissance. L’autonomie individuelle a fait l’objet de beaucoup moins d’attention.

Au cours de ses premières décennies, le programme de planification familiale a adopté une approche coercitive et axée sur des objectifs. Les personnes et les professionnel·les de santé étaient incité·es à recourir à des méthodes contraceptives permanentes. À cette époque, l’avortement a été légalisé sous certaines conditions. Cette décision a fait l’objet d’un débat, non seulement comme moyen d’améliorer la santé publique et de réduire la mortalité maternelle, mais aussi comme effort des démographes pour contrôler la croissance démographique.

Ces stratégies ont abouti à une coercition généralisée, en particulier pendant la période d’urgence, marquée par des campagnes massives de vasectomie et de graves violations des droits humains. La réaction négative du public à cette période, combinée à l’adhésion de l’Inde au Programme d’action (PoA) lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994, a entraîné un changement de politique largement symbolique.

Les « objectifs » ont été remplacés par des « niveaux de réalisation attendus », mais les pratiques coercitives ont persisté sous le nouveau nom de « Programme de bien-être familial ». Bien que l’approche dite du « panier de choix » visait à promouvoir l’autonomie et la prise de décision éclairée parmi les utilisateursutilisatrices, les préférences des prestataires de soins de santé, influencées par les objectifs institutionnels et les impératifs de contrôle démographique, ont continué à façonner les services.

En réalité, les prestataires de soins de santé poussent souvent les utilisateurs/utilisatrices à choisir certaines méthodes, ce qui signifie que les personnes n’ont pas vraiment la liberté de décider par elles-mêmes. Cela révèle un problème plus profond et non résolu : il existe un écart entre le soutien aux droits reproductifs en principe et le fonctionnement réel du programme dans la pratique.

Au cours de cette période, la loi de 1994 sur les techniques de diagnostic prénatal et pré-conceptionnel (PCPNDT) a été introduite afin de mettre fin à l’utilisation abusive de la technologie à des fins de sélection du sexe. Cependant, la manière dont cette loi a été appliquée a parfois fini par restreindre l’accès aux services d’avortement au deuxième trimestre, que ce soit intentionnellement ou non. Ses sanctions sévères ont semé la peur parmi les prestataires de services, qui craignaient de subir des conséquences juridiques.

Les campagnes publiques autour de la loi visaient à sensibiliser le public à l’importance des filles. Mais elles ont souvent conduit les gens à penser que la plupart des avortements au deuxième trimestre étaient pratiqués pour des raisons de sélection du sexe. Ces messages suggéraient également, peut-être involontairement, que les fœtus avaient une personnalité juridique. Cela a renforcé la stigmatisation autour de l’avortement et soutenu les arguments contre le droit de choisir.

L’absence de communication claire sur la nécessité, la légalité et la sécurité des services d’avortement a permis la propagation d’opinions négatives. En conséquence, des barrières sociales et psychologiques persistantes rendent désormais plus difficile l’accès aux services d’avortement.

En outre, pour ajouter à ces difficultés, le cadre juridique indien comporte également de solides fondements anti-choix. Le Code pénal indien de 1860, héritage colonial, a criminalisé l’avortement dans ses articles 312 à 314, reflétant une opposition morale et religieuse à l’avortement et au contrôle des naissances. Ces dispositions ont été conservées presque sans changement dans le Bharatiya Nyaya Sanhita (BNS) de 2023. En conséquence, l’avortement continue d’être criminalisé dans le pays, n’étant autorisé qu’à titre « exceptionnel » en vertu de la loi de 1971 sur l’interruption médicale de grossesse.

Les objectifs du Millénaire pour le développement, introduits en 2000, ont influencé la stratégie Reproductive and Child Health-II (Santé reproductive et infantile II). Cela a conduit à mettre fortement l’accent sur la réduction de la mortalité maternelle. Ces priorités ont jeté les bases de la Mission nationale pour la santé. Plus tard, les objectifs de développement durable ont continué à mettre l’accent sur la réduction de la mortalité maternelle.

Cependant, au cours de la même période, des stratégies telles que « Family Planning 2020 » (Planification familiale 2020) et « Family Planning 2030 » (Planification familiale 2030) ont fait progresser le programme de stabilisation démographique (Family Planning 2030). Ainsi, dans la pratique, l’environnement politique indien reste un mélange confus d’éléments pro-natalistes, pro-choix et anti-choix, reflétant souvent des priorités étatiques contradictoires.

Le mythe du libre choix
Les défenseur·es des droits et de la justice en matière de santé sexuelle et reproductive défendent le droit fondamental de chaque personne à prendre des décisions libres, éclairées et volontaires concernant son corps, sa sexualité et sa vie reproductive. Cela couvre les choix en matière de contraception, de grossesse, d’accouchement, d’avortement, de partenaires sexuels et de méthodes de planification familiale.

La véritable liberté de choix signifie bien plus que la simple mise en place de lois ou de programmes gouvernementaux limités. Elle nécessite un environnement dans lequel les personnes ont accès à des informations complètes et à des soins de santé, à la stabilité économique, à la protection contre la violence et la discrimination, et à un soutien pour éliminer les obstacles systémiques, en particulier pour les communautés marginalisées. Pour cette raison, il est essentiel d’examiner les politiques sous l’angle plus large de la justice et de l’équité, plutôt que de se concentrer uniquement sur les droits légaux ou les détails des programmes.

Ces contradictions politiques mettent en évidence une vision étroite de la démographie. Le gouvernement encourage souvent la natalité plutôt que d’apporter un soutien durable aux parent·es et à l’éducation des enfants, en particulier parmi les familles marginalisées.

Les politiques démographiques de l’Inde se sont traditionnellement concentrées sur des chiffres, tels que l’indice synthétique de fécondité (ISF) et le rapport de masculinité à la naissance. L’autonomie individuelle a quant à elle été beaucoup moins prise en compte. Le fossé entre une approche axée sur les chiffres et une approche qui respecte véritablement les droits humains, la dignité et l’équité en matière de santé reproductive est évident. Dans la pratique, la mise en œuvre des politiques continue d’être dictée par des objectifs démographiques et des considérations politiques plutôt que par un engagement en faveur des droits individuels.

En 2020, la Haute Cour de Delhi et la Cour suprême ont toutes deux rejeté une requête visant à faire appliquer une norme nationale de deux enfants, affirmant ainsi l’engagement de l’Inde en faveur des droits reproductifs et du choix volontaire dans le cadre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et des principes consacrés dans la Politique nationale en matière de population (MoHFW 2002 ; NPP 2000).

Malgré le discours officiel en faveur du libre choix, les politiques et les programmes gouvernementaux restent incohérents. D’une part, ils adoptent une approche nataliste en offrant des incitations financières à la natalité, en particulier dans les communautés confrontées à un déclin démographique, telles que les Parsis (programme Jiyo Parsi) et les groupes tribaux particulièrement vulnérables (PVTG).

Dans le même temps, plus de 35 projets de loi préconisant une politique des deux enfants ont été présentés aux assemblées législatives indiennes depuis l’indépendance. Plusieurs États ont adopté des lois qui pénalisent les personnes ayant plus de deux enfants. Elles restreignent l’accès aux programmes gouvernementaux, à l’emploi et même à l’éligibilité à des fonctions politiques, ce qui se traduit par un traitement injuste de ces personnes [1].

De telles politiques ont des conséquences négatives graves. Elles entraînent un déséquilibre entre les sexes, la traite des femmes, les mariages forcés, l’exploitation sexuelle et l’abandon. Un cas récent dans l’État du Madhya Pradesh, où un quatrième enfant a failli être tué parce que ses parents craignaient de perdre leur emploi dans la fonction publique, montre à quel point ces conséquences peuvent être graves. Ces problèmes ne sont pas seulement des statistiques, ils constituent de graves violations des droits humains.

Ces contradictions politiques mettent en évidence une vision étroite de la démographie. Le gouvernement encourage souvent les naissances plutôt que d’apporter un soutien durable aux parents et à l’éducation des enfants, en particulier parmi les familles marginalisées. Par exemple, des programmes tels que Janani Suraksha Yojana (JSY) et Beti Bachao Beti Padhao (BBBP) encouragent les accouchements en milieu hospitalier et la santé maternelle à court terme, ainsi que la survie des filles. Cependant, ils ne font que très peu pour soutenir les soins à long terme ou investir dans des infrastructures de garde d’enfants adéquates.

Bien que ces programmes soient présentés comme favorisant l’égalité des sexes, ils reflètent en réalité une approche étatique de la reproduction. Certaines naissances, en particulier celles de filles, sont prioritaires pour atteindre des objectifs démographiques et sociaux fondés sur une mentalité hétéronormative et patriarcale. Les politiques natalistes au niveau de l’État, souvent présentées comme des réponses à des menaces démographiques perçues, accordent une importance nationale à la procréation. Pourtant, elles ne fournissent pas le soutien structurel nécessaire pour élever les enfants dans des environnements sûrs et sains.

Par exemple, le programme Integrated Child Development Services (ICDS) a été créé en 1975 pour fournir des services de garde à la petite enfance par l’intermédiaire des centres anganwadi. Mais l’ICDS reste sous-financé et à bout de souffle. Ce manque de soutien adéquat fait peser un fardeau injuste sur les femmes, les obligeant souvent à quitter le marché du travail et renforçant les inégalités persistantes entre les sexes.

Pour de nombreuses femmes, l’infertilité a de graves conséquences sociales. Elles peuvent être victimes de stigmatisation, de reproches, de discrimination, d’exclusion sociale, de détresse émotionnelle, voire d’abandon.

Si beaucoup pensent que la baisse des taux de fécondité reflète les choix personnels des femmes, la réalité est beaucoup plus complexe. Les inégalités structurelles, les normes de genre et les pratiques coercitives influencent toutes les décisions en matière de reproduction, en particulier dans les communautés marginalisées et pauvres.

Un exemple flagrant est le refus de contraception à 75 groupes tribaux particulièrement vulnérables (PVTG) reconnus par l’État. En 1979, le gouvernement a interdit la stérilisation pour ces groupes. Cette décision a été présentée comme un moyen de les protéger contre la coercition. Cependant, l’intention sous-jacente était nataliste : l’objectif était d’augmenter leur population en restreignant leur autonomie reproductive.

En refusant l’accès à la contraception et à l’avortement, l’État a porté atteinte à la justice reproductive et violé les engagements nationaux et les obligations internationales de l’Inde en matière de droits humains. Bien que l’État du Chhattisgarh ait révoqué cette décision en 2018, son existence démontre à quel point les objectifs démographiques priment souvent sur les choix individuels et traitent les communautés marginalisées comme des atouts démographiques plutôt que comme des citoyen·nes jouissant de droits égaux.

Dans ce paysage politique complexe et parfois contradictoire, façonné par les engagements internationaux, le discours officiel et des priorités culturelles et démographiques profondément ancrées, l’infertilité reste largement ignorée par le discours nataliste et les politiques publiques (UNFPA 2025a). Depuis 1992-1993, l’infertilité secondaire a presque doublé en Inde et pourrait contribuer de manière significative à la récente baisse des taux de fécondité (Kundu et al. 2023) [2].

Pour de nombreuses femmes, l’infertilité a de graves conséquences sociales. Elles peuvent être victimes de stigmatisation, de reproches, de discrimination, d’exclusion sociale, de détresse émotionnelle et même d’abandon. L’absence de politiques de soutien reflète une vision étroite et utilitaire de la reproduction, qui privilégie les objectifs démographiques au détriment du bien-être individuel et de la justice reproductive.

L’Inde a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement en faveur d’une approche volontaire et fondée sur les droits en matière de planification familiale et de santé reproductive. Dans une déclaration sous serment adressée à la Cour suprême en 2020, le ministère de la Santé et du Bien-être familial a reconnu que les mesures coercitives de contrôle démographique sont « contre-productives et conduisent à des distorsions démographiques ». Cependant, dans la pratique, les restrictions sur les services, les programmes d’incitation et les politiques punitives limitant les naissances à deux enfants révèlent des tensions persistantes entre un cadre fondé sur les droits et les programmes de contrôle démographique.

Est-ce la bonne approche ?
La population indienne devrait atteindre un pic de 1,6 milliard d’habitant·es en 2048 avant de redescendre à 1,1 milliard d’ici 2100, avec un taux de fécondité total (TFT) qui devrait tomber à 1,3, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations de 2,1. À l’échelle mondiale, alors que la population a triplé depuis 1950, la fécondité moyenne est passée de 5 à 2,25 enfants par femme en 2024 (UNFPA 2025b). Ces chiffres indiquent un changement démographique naturel, et non une crise.

Les données empiriques ont systématiquement démontré un lien étroit entre l’indice de développement humain (IDH) et l’indice synthétique de fécondité. Selon la théorie de la transition démographique, à mesure que les pays progressent sur les plans économique, social et médical, les taux de fécondité et de mortalité diminuent en raison de l’éducation des femmes, du report du mariage, de l’amélioration des soins de santé, de l’accès à la contraception, de l’augmentation des revenus et du coût d’opportunité accru de la maternité.

Ces mesures ont alimenté un discours sur le « contrôle sélectif de la population ». Ce discours attise les craintes des minorités quant à l’extinction culturelle, tout en alimentant les inquiétudes des groupes majoritaires quant au risque d’être « dépassés ».

S’appuyant sur ce cadre, la théorie de la deuxième transition démographique émet l’hypothèse que dans les sociétés hautement développées, les taux de fécondité pourraient continuer à baisser encore davantage en raison de l’évolution des valeurs, d’une plus grande autonomie individuelle, de la recherche de l’épanouissement personnel et de l’évolution des rôles attribués aux hommes et aux femmes, qui ne privilégient plus la procréation.

Cependant, la corrélation entre l’indice de développement humain et l’indice synthétique de fécondité n’est pas universellement linéaire. Des pays comme l’Inde et plusieurs de ses voisins ont connu une forte baisse de la fécondité malgré des niveaux d’indice de développement humain modérés. Cette anomalie apparente s’explique par une interaction complexe entre les politiques démographiques menées par l’État, les normes culturelles profondément enracinées et les dynamiques de genre dominantes qui influencent les comportements reproductifs d’une manière qui n’est pas toujours directement liée aux indicateurs de développement conventionnels.

Les politiques démographiques de l’Inde ont toujours été influencées par de fortes idées ethno-régionalistes. Le programme national de planification familiale, bien qu’officiellement universel, a en pratique ciblé de manière disproportionnée les communautés marginalisées. Ce ciblage s’est souvent traduit par des campagnes de stérilisation coercitives et des incitations que beaucoup ont considérées comme des tentatives d’ingénierie démographique.

De telles mesures ont alimenté un discours sur le « contrôle sélectif de la population ». Ce discours attise les craintes des minorités quant à l’extinction culturelle, tout en alimentant les inquiétudes des groupes majoritaires quant au risque d’être « dépassés ». En conséquence, la fécondité est devenue un substitut à la politique identitaire.

Au lieu de s’attaquer aux véritables problèmes de pénurie de ressources et de déficits de développement, la croissance démographique est souvent présentée comme un « fardeau ». Cette formulation transforme les transitions démographiques en compétitions à somme nulle entre différentes communautés et régions. La politisation de la reproduction est évidente dans les déclarations publiques, telles que celles du Vishwa Hindu Parishad, qui exhortent les familles de la religion majoritaire à avoir plus d’enfants.

Les chercheurs et les chercheuses ont montré que les stéréotypes sur les taux de fécondité des minorités sont trompeurs. Elles et ils ont démontré que ces taux sont davantage influencés par les inégalités socio-économiques que par l’identité religieuse. Malgré cela, les inquiétudes démographiques de la majorité continuent de dominer le discours public. Cette domination nuit à la justice reproductive, à l’efficacité des politiques démographiques et à l’unité nationale.

En outre, les politiques natalistes s’appuient souvent sur des idées moralistes, patriarcales, voire ethno-nationalistes. Les citoyen·nes « idéaux » – généralement définis par la culture ou la religion dominante – sont encouragés·e à avoir plus d’enfants. En revanche, les groupes marginalisés peuvent être subtilement ou ouvertement découragés de se reproduire.

Ces tendances reflètent des schémas mondiaux, tels que la théorie du « grand remplacement ». Cette théorie présente le déclin des populations blanches comme une forme d’extinction culturelle qui nécessiterait une intervention politique urgente. Dans le même temps, elle considère la croissance des populations non blanches comme une surpopulation dangereuse qui doit être contrôlée.

Ce type d’alarmisme sélectif révèle à quel point les débats sur la population sont souvent utilisés pour renforcer les hiérarchies raciales et culturelles existantes, plutôt que pour traiter de véritables questions démographiques. Les mêmes groupes qui s’inquiètent de la baisse de la fécondité des Blanc·hes soutiennent également des programmes agressifs de planification familiale qui ciblent les communautés de couleur, tant dans le monde entier que dans leur propre pays.

Les politiques qui récompensent les personnes qui ont plus d’enfants vont souvent de pair avec des restrictions du droit de retarder ou d’éviter une grossesse.

Tant au niveau mondial qu’en Inde, on constate un chevauchement notable entre les politiques natalistes (politiques qui encouragent les personnes à avoir plus d’enfants) et les programmes qui portent atteinte aux droits humains. Les efforts visant à augmenter les taux de natalité se font souvent au détriment de l’autonomie individuelle, des droits reproductifs et de l’égalité des sexes. Le natalisme ne fonctionne pas seulement comme une stratégie démographique. Il devient également un moyen de justifier les restrictions d’accès à la contraception, à l’avortement et à l’ensemble des services de planification familiale. (...)