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Mediapart
En Iran, une lycéenne entre la vie et la mort pour avoir refusé de porter le voile
#iran #MahsaAmini #IranRevolution #repression #femmes
Article mis en ligne le 7 octobre 2023
dernière modification le 6 octobre 2023

Un an après le meurtre de Mahsa Amini par la police des mœurs pour un voile « mal porté », l’histoire se répète en Iran. Le sort subi par Armita Garavand, 16 ans, plongée dans le coma depuis le 1er octobre, bouleverse le pays et au-delà.

Son visage inonde les réseaux sociaux, cette photographie notamment où la jeune femme d’origine kurde apparaît les cheveux noirs coupés courts, vêtue d’un sweat rouge. « Say her name » (« retenez son nom »), enjoignent les internautes. « Quand on ne retient pas une leçon et qu’on l’oublie, l’histoire la répète #ArmitaGaravand », énonce un tag tracé sur les murs de la capitale, Téhéran.

Armita Garavand, 16 ans, a sombré dimanche 1er octobre dans le coma alors qu’elle se trouvait dans le métro de Téhéran, à la station Shohada, en route pour le lycée avec deux camarades. Selon les médias d’État, tel le journal ultraconservateur Hamshari, la lycéenne aurait été victime d’une chute de tension artérielle, qui l’aurait conduite à « heurter un côté du wagon ».

Pour appuyer cette version, l’agence de presse iranienne officielle a partagé des images présentées comme étant celles d’Armita Garavand. On la voit entrer dans le métro avec ses amies jusqu’à sa perte de conscience qui aurait eu lieu en sortie de rame. Mais la vidéo est tronquée, il manque plusieurs dizaines de secondes aux images qui sont montées et de mauvaise qualité. (...)

La réalité est tout autre, selon des témoins ainsi que plusieurs ONG, à l’instar de l’organisation kurde de défense des droits humains Hengaw, ou encore selon le site d’information IranWire, qui documente méthodiquement la répression du régime iranien.

Armita Gavarand est dans le coma car elle aurait été agressée par la sinistre police des mœurs (de retour dans les rues du pays depuis cet été) pour défaut du port du voile. D’après un témoin cité par le Guardian, une policière en tchador a commencé à la prendre à partie parce qu’elle était dévoilée à l’intérieur de la rame.

« La femme vêtue du tchador lui a crié dessus en lui demandant pourquoi elle n’était pas couverte, a déclaré le témoin au Guardian. Armita lui a alors dit : “Est-ce que je te demande d’enlever ton foulard ? Pourquoi me demandez-vous d’en porter un ?”

La confrontation serait montée d’un cran, l’agente agressant physiquement l’adolescente jusqu’à la pousser violemment et provoquer sa chute. Un autre témoin, selon le Guardian, affirme qu’Armita Garavand était toujours consciente lorsqu’elle est tombée au sol.

Les images choisies par les autorités ne montrent pas l’intérieur du train mais seulement l’extérieur, alors même que la plupart des wagons du métro de Téhéran sont équipés de caméras de vidéosurveillance.

La mère arrêtée (...)

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à sortir tête découverte au risque de leur vie et alors même que le régime durcit l’arsenal législatif, déjà impitoyable, pour traquer celles qui bravent l’interdit, notamment au moyen de cette police des mœurs née en 2006 sous Ahmadinejad (2005-2013), pour « répandre la culture de la décence et du hijab ». Armita Gavarand l’illustre tragiquement. (...)