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WNCRI/ Femmes, Résistance, Liberté
Rapport de juin 2025 : féminicide, la violence structurelle en Iran
#Iran #femmes #charia #patriarcat #feminicides
Article mis en ligne le 20 juillet 2025
dernière modification le 17 juillet 2025

Des lois enterrées au féminicide : la violence structurelle comme politique d’État en Iran

apport de juin 2025 – La violence contre les femmes en Iran est en augmentation. Sous le régime clérical misogyne, la violence contre les femmes n’est pas un phénomène isolé, mais un élément fondamental de la structure culturelle imposée par le régime.

En raison de lois répressives et de l’absence de protection juridique pour les femmes battues combinées à l’absence de criminalisation des violences domestiques ou des violences sexistes dans les lieux de travail et les espaces publics et de l’absence de soutien légal pour les femmes et les filles sous un régime qui a lui-même institutionnalisé la violence contre les femmes, nous assistons à une augmentation quotidienne des cas de violence, en particulier des meurtres de femmes commis par leurs maris, des membres de leur famille ou dans la société en général.

Les soi-disant « crimes d’honneur » et les meurtres liés à la famille sont un phénomène récurrent et de plus en plus fréquent en Iran. Les auteurs échappent souvent à la justice en exploitant les lois profondément misogynes du régime et ses failles juridiques. (...)

L’absence de législation protectrice, associée à la discrimination juridique, laisse les femmes sans défense face à la violence. Dans la plupart des cas, les victimes de violences sexuelles sont également réduites au silence, par peur du rejet social et en raison de l’absence de soutien légal.

Dans ce contexte, un projet de loi visant à prévenir la violence contre les femmes n’a toujours pas été adopté après 14 ans. Parallèlement, Zahra Behrouz Azar, actuelle directrice du bureau présidentiel pour les affaires des femmes et de la famille, a récemment révélé que les statistiques sur la violence faite aux femmes sont classifiées.

Zahra Behrouz Azar a déclaré : « Nous sommes toujours dans une situation où le taux de violence et de maltraitance conjugale à l’encontre des femmes est 30 fois plus élevé que celui subi par les hommes. Malheureusement, ces données restent classifiées. Comme ces informations sont tenues secrètes, lorsque nous essayons de présenter le projet de loi sur la violence contre les femmes au Parlement et d’en parler, on nous répond : ‘Quelle violence ? Où voyez-vous de la violence contre les femmes ? Où voyez-vous de la maltraitance conjugale ? Et même s’il y en a, c’est pareil pour les hommes.’ » (Agence de presse officielle ISNA – 7 juin 2025)

Nous parlons de la montée des crimes dits d’honneur et des meurtres familiaux, et ce phénomène ne se limite pas aux zones défavorisées ou à certains groupes ethniques. (...)

La profondeur de la tragédie : la montée du féminicide en Iran

Le féminicide — l’une des formes les plus extrêmes de violence contre les femmes — continue d’augmenter. Selon les déclarations des responsables du régime, 66 % des femmes en Iran subissent des violences au cours de leur vie. (ISNA – 16 novembre 2018)

Ce chiffre est deux fois supérieur à la moyenne mondiale. (...)

Certains experts en Iran estiment que le régime clérical détient le taux le plus élevé de violences domestiques contre les femmes au monde. (Mohammad Reza Mahboubfar – Journal Jahan-e Sanat, 19 novembre 2020)

Il est important de noter que les meurtres de femmes sont très peu couverts par les médias iraniens. Les nouvelles éparses et les informations quotidiennes ne révèlent que la partie émergée de l’iceberg, car nombre de ces crimes restent cachés derrière des portes closes et ne sont jamais rendus publics. (Khabar Online – 5 avril 2025)

Une comparaison statistique met en évidence l’augmentation alarmante des crimes d’honneur et des féminicides en Iran. (...)

Le meurtre d’une championne de bras de fer : un produit de la politique misogyne

Les meurtres de femmes et de filles sous divers prétextes font quotidiennement la une des médias d’État comme des médias indépendants en Iran. L’un des cas les plus choquants de juin est celui de Hanieh Behboudi, championne féminine de bras de fer.

Ce n’était pas simplement un crime familial : c’était le reflet direct de politiques et d’idéologies qui nient aux femmes le droit de disposer de leur propre vie.

Hanieh Behboudi a été assassinée par son mari dans la soirée du 5 juin 2025, dans la ville de Fariman (nord-est de l’Iran, près de Machhad).

Elle avait 24 ans et était mère d’une fillette de quatre ans. Après avoir remporté une compétition féminine de bras de fer à Gorgan (nord de l’Iran), Hanieh avait posté sur Instagram une photo de ses mains. Les nombreux compliments et la reconnaissance qu’elle a reçus dans sa ville natale ont déclenché une violente réaction de son mari.

Hanieh avait déjà été victime de violences conjugales. (...)

Elaheh avait disparu le 25 mai 2025. Selon la version officielle du régime, elle aurait été poignardée à mort en résistant à un vol de téléphone portable. Cependant, il est largement soupçonné que les forces de sécurité l’ont enlevée et assassinée en raison de ses activités anti-régime. Sa famille serait sous étroite surveillance et subit de fortes pressions pour ne pas parler aux médias ni accorder d’interviews. (...)

Aux racines de la violence domestique et du féminicide

Les tragédies sociales qui se déroulent actuellement en Iran trouvent leurs racines profondément ancrées dans le politique. À la base, ces crises sont directement attribuables au régime misogyne et inhumain qui gouverne le pays, un régime qui constitue la source et le moteur de la rage, de la répression et de la violence structurelle présentes dans la société iranienne. Les femmes et les filles sont au cœur de cette politique inhumaine, et en sont les principales victimes.

Les assassinats horribles de femmes et de filles — avant d’être commis avec la machette d’un mari, le couteau d’un père ou le revolver d’un frère — sont le résultat direct de lois, explicites et implicites, nées de l’idéologie rétrograde du régime. Ces lois, loin de protéger la sécurité, la dignité et la vie des femmes, justifient et légitiment leur meurtre. (...)

Dans de nombreux cas, un père ou un mari qui a sauvagement assassiné sa fille ou sa femme ne purge que quelques années de prison, ou bien est libéré après avoir payé le diyeh (prix du sang) et obtenu le pardon de la mère de la victime. Il revient souvent dans le même foyer où le crime a été commis, sans jamais être réellement tenu responsable d’avoir ôté une vie humaine.

Criminalisation des femmes au lieu d’éliminer la violence à leur encontre (...)

Retrait d’un projet de loi après 14 ans sans jamais avoir été adopté

L’un des événements les plus révélateurs du mois de juin concernant la violence à l’égard des femmes a été la décision du gouvernement de retirer le projet de loi intitulé « Assurer la sécurité des femmes contre la violence ». Ce texte, initialement proposé pour prévenir la violence contre les femmes, a été progressivement vidé de sa substance au fil de 14 années de va-et-vient bureaucratiques entre les institutions du régime, sans jamais être adopté.

Le site Khabar Online a publié un article intitulé « La sécurité des femmes sous la lourde ombre de la politique », qui reflète clairement l’impasse juridique et le mécontentement général face à la négligence systémique de la violence faite aux femmes.

Ce projet de loi ne prévoyait aucun mécanisme d’application pour protéger les femmes. Pire encore, en supprimant ses dispositions clés, il a finalement fourni au régime clérical misogyne encore plus d’outils de répression. La situation est devenue si critique que même des personnalités issues du régime ont commencé à le critiquer publiquement. (...)

La suppression du mot « violence » : produit de la misogynie et des luttes de pouvoir politiques

Depuis sa première introduction en 2011, le projet de loi a été modifié à plusieurs reprises et ballotté entre les branches exécutive, législative et judiciaire du régime. Finalement, en juin 2025, le nouveau gouvernement du régime clérical a soudainement demandé le retrait du texte.

En retraçant le parcours de ce projet de loi, il devient évident que toutes les administrations et tous les parlements, alignés sur le guide suprême, ont joué le même jeu : politiser le projet et bloquer son adoption sous divers prétextes. (...)

Évolution du nom et du contenu du projet de loi sur la violence contre les femmes

Le tableau ci-dessous retrace tout le parcours historique du projet de loi « Protection des femmes contre la violence », de 2011 à 2025, incluant le nombre d’articles et les titres officiels à chaque étape.

Malgré des changements de nom successifs — de « Sécurité des femmes contre la violence » à « Promotion de la dignité des femmes et de la famille » —, le contenu protecteur essentiel a été progressivement supprimé. (...)

Le droit à la vie, à la dignité et à la sécurité pour les femmes et les filles iraniennes

Sous ce régime misogyne, les femmes et les filles iraniennes se voient refuser la reconnaissance de leurs droits fondamentaux à la vie, à la dignité et à la sécurité. Ces droits sont constamment réprimés, déformés et détruits.

La réalisation de ces droits n’est possible que dans un système démocratique, populaire, fondé sur l’égalité des sexes — un système où la loi est au service de la dignité humaine, et non de la répression et de la discrimination.

C’est pourquoi dénoncer la violence structurelle exercée contre les femmes en Iran est une responsabilité mondiale. (...)

Dans ce combat, soutenir les efforts et les rapports de la Commission des Femmes du CNRI, qui lutte pour la liberté et pour l’établissement d’une République démocratique, fondée sur la séparation de la religion et de l’État et sur l’égalité des sexes, est plus important que jamais.

C’est ce qui nous donne plus de force et de puissance pour avancer et atteindre notre objectif de liberté et d’égalité.