La Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne, a accordé le statut honorifique de "fils adoptif" à deux migrants sénégalais qui ont risqué leur vie en 2021 pour tenter de venir en aide à un homosexuel. Le jeune homme avait été tabassé à mort en raison de son orientation sexuelle. Cet événement avait choqué le pays.

(...) C’est un statut honorifique pour deux hommes qui ont risqué leur vie. Ibrahima Diack et Magatte N’Diaye, deux jeunes migrants sénégalais, ont été reconnus, lundi 24 février, "fils adoptifs" par la ville de La Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne. En juillet 2021, ils avaient tenté de porter secours à Samuel Luiz, un jeune homosexuel, alors qu’un groupe d’hommes le passaient à tabac à la sortie d’une boîte de nuit de la ville.

Mais Samuel Luiz n’a pas pu être sauvé : sa mort a suscité des protestations dans tout le pays, et a été condamnée par le Premier ministre Pedro Sanchez.

À l’époque, Ibrahima Diack et Magatte N’Diaye étaient des immigrants sans papiers. Depuis cet évènement, ils ont reçu des titres de séjour en reconnaissance de leur héroïsme.

Ines Rey, la maire de La Corogne, a rendu hommage à leur "altruisme" lors d’une cérémonie à l’hôtel de ville, au cours de laquelle les deux hommes ont été ovationnés. "Le fait que deux sans-papiers aient été les seuls à prendre des risques physiques pour aider la victime d’une meute assoiffée d’horreur laisse beaucoup de matière à réflexion et une série de leçons", a déclaré l’édile. (...)

"Nous ne sommes pas des héros, nous avons fait ce que nous devions faire", s’est contenté de déclarer Magatte N’Diaye, citant les valeurs de respect, d’amour et de solidarité qu’il a apprises au Sénégal.

En novembre, un jury a condamné quatre hommes et estimé que le principal accusé, qui a écopé de 24 ans de prison, avait pendant l’agression proféré des insultes homophobes.
L’Espagne à contrecourant sur l’immigration

À contre-courant du reste de l’Europe, l’exécutif espagnol tient un discours humaniste et positif sur l’immigration. En novembre 2024, le gouvernement a adopté une réforme visant à faciliter la régularisation de centaines de milliers de migrants. (...)

Lors d’un discours au Parlement en octobre, le chef du gouvernement a vanté les bénéfices de l’immigration dans une Espagne vieillissante en manque de main-d’œuvre, et a déconstruit les discours de "haine" véhiculés pas l’extrême droite. (...)

Pedro Sánchez n’avait pas non plus manqué de déconstruire les stéréotypes sur les migrants et les fausses affirmations portées par les dirigeants nationalistes. Notamment sur le fait que les immigrés ne profitent pas du système espagnol. Pour preuve selon le Premier ministre, les étrangers "versent 10% de leurs revenus à la Sécurité sociale. Et ils utilisent les services publics et les prestations sociales 40% de moins que ceux nés en Espagne".