
Le navire Open Arms, de l’ONG espagnole éponyme, va s’installer deux mois aux îles Canaries pour mener une campagne de sensibilisation sur la situation critique de la route migratoire reliant les côtes ouest-africaines à cet archipel espagnol. Les drames se multiplient dans cette zone maritime, où les vents violents et les fortes vagues peuvent faire dériver les canots surchargés à des milliers de kilomètres des rives africaines.
L’Open Arms est amarré depuis le 28 août au port de Santa Cruz de Tenerife avec une idée bien précise : informer et sensibiliser la population des îles Canaries à la "réalité de la route migratoire atlantique" qui relie les côtes ouest-africaines à l’archipel espagnol, a déclaré à la presse locale le fondateur de l’ONG, Oscar Camps.
Pendant deux mois, les humanitaires organiseront des conférences dans les écoles des îles et des journées portes ouvertes, conformément à un accord signé avec le gouvernement des Canaries.
Lors d’une visite à bord du navire humanitaire fin août, le président canarien, Fernando Clavijo, a salué "l’extraordinaire travail humanitaire que cette organisation accomplit depuis dix ans dans les situations les plus difficiles de la Méditerranée centrale". Depuis 2015, l’Open Arms patrouille régulièrement dans cette zone maritime pour porter secours à des migrants en détresse, partis des côtes libyennes ou tunisiennes. Au total, plus de 700 000 personnes ont été secourues par l’ONG ces dernières années.
"Nécessité d’humaniser le drame migratoire"
L’arrivée de l’Open Arms "nous rappelle la nécessité d’humaniser le drame migratoire, de voir au-delà des chiffres", a ajouté Fernando Clavijo. Ce dernier espère que cette mission aux Canaries "servira à continuer d’éveiller les consciences et que ce débat absurde que nous avons établi en Europe et aussi en Espagne sur l’utilisation de l’immigration comme arme politique, dans une perspective fasciste, xénophobe et populiste", sera remplacé par le "bon sens".
La semaine dernière le leader du parti espagnol d’extrême droite Vox, Santiago Abascal, a appelé à la confiscation et au naufrage de l’Open Arms. (...)
"Dire qu’un navire qui sauve des vies doit être coulé est du pur fascisme", a répondu Oscar Camps sur le même réseau social. Il a par ailleurs reçu le soutien d’Amnesty international Espagne et du Premier ministre Pedro Sanchez. "Défendre l’Espagne, c’est défendre la vie. Notre soutien et notre reconnaissance vont à Open Arms et à ceux qui sauvent des vies en mer", a affirmé le chef du gouvernement espagnol. (...)