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Rue89 Bordeaux
Élizabeth d’Angèle, ex sans domicile devenue hôtesse d’une maison ouverte à tous
#SDF #solidarite #Bordeaux #lamaisondElisabeth
Article mis en ligne le 13 juillet 2024

La septuagénaire a créé son association en 2014. La Maison d’Elizabeth, située sur la place Saint-Martial aux Chartrons, est depuis devenue un lieu d’accueil de jour pour les plus démunis. Du lundi au jeudi elle accueille une vingtaine de sans-abri, leur offre le couvert et la chaleur d’un vrai foyer.

Le parcours d’Élizabeth force l’admiration. Née à Marrakech, elle part faire des études à Casablanca avant d’exercer en tant qu’infirmière au sein de l’ONG Médecins du Monde. Elle sillonne le continent, passe par le Niger, le Nigeria, la Guinée ou le Congo. À son retour en France, au début des années 1990, elle prend ses fonctions à la direction d’une maison de retraite à Toulenne.
Passage à la rue

Mais la maladie vient frapper à sa porte l’année de ses 48 ans : atteinte d’un cancer, elle se retrouve seule, endettée et obligée de signer la liquidation judiciaire de la maison de retraite qu’elle avait fondée. Ses biens personnels sont saisis pour payer l’ensemble des dettes et les rues de Bordeaux deviennent son domicile.

Après quatre ans et demi à la rue, la rencontre avec une famille en vacances au Cap Ferret lors d’un passage au CHU de Bordeaux vient la délivrer de ces années de galère : ils l’accueillent chez eux, d’abord au Cap Ferret, puis à Saumur. Grâce à eux, elle revient dans la région, trouve un logement à Ambarès et reprend avec le temps un semblant de vie normale. Minée par sa maladie et ses années dans les rues bordelaises, elle n’a jamais pu retrouver du travail. (...)

Elle consigne ses souvenirs dans un livre, « Une ex-SDF… », sorti en 2006 aux éditions de l’Officine (...)

Élizabeth fonde son association en 2014. Elle commence par aller seule à la rencontre de ses anciens compagnons d’infortune lors de maraudes : elle leur porte à manger, des vêtements, les aide à faire leurs papiers. Sans local, elle convient que « ce n’était pas pratique ».

Depuis novembre 2019, elle loue à Domofrance une maison aux Chartrons, qui fonctionne comme un accueil de jour. L’association est agréée par la Mairie de Bordeaux et la Préfecture de la Gironde, et possède un statut lui permettant de préparer des repas tous les jours ainsi que d’avoir droit à la Banque alimentaire. (...)

Élizabeth fonde son association en 2014. Elle commence par aller seule à la rencontre de ses anciens compagnons d’infortune lors de maraudes : elle leur porte à manger, des vêtements, les aide à faire leurs papiers. Sans local, elle convient que « ce n’était pas pratique ».

Depuis novembre 2019, elle loue à Domofrance une maison aux Chartrons, qui fonctionne comme un accueil de jour. L’association est agréée par la Mairie de Bordeaux et la Préfecture de la Gironde, et possède un statut lui permettant de préparer des repas tous les jours ainsi que d’avoir droit à la Banque alimentaire.

« Ça n’a pas été le lancement que je m’étais imaginé, parce qu’on a ouvert en plein Covid, confie Élizabeth. J’achetais tout de ma poche, j’ai fonctionné pendant 6 mois avec ma retraite, ce qui m’a mis à découvert, sinon je fermais. Maintenant on est bien, on a des subventions de la Mairie, des fondations, des particuliers, des mécènes de Bordeaux et je vais à la Banque alimentaire tous les lundi pour chercher des denrées alimentaires. »

Du côté de la Mairie de Bordeaux, on reconnaît aussi la qualité de son travail (...)

« Petit à petit on s’intègre et on fait partie de ses petits protégés, c’est comme un petit paradis », partage Éric.

« C’est plus une famille qu’autre chose, elle s’occupe bien de nous et elle ne fait pas de différences », continue Mohammed.

(...)

Mais attention, pour entrer chez Elizabeth, il y a des règles à respecter. Pas de téléphone à table, on n’oublie pas d’être poli et surtout on pense à s’inscrire pour les repas. « Je suis là pour les aider mais il faut aussi le minimum de respect pour tout le monde », justifie-t-elle. En plus de leur offrir le couvert, elle met les deux douches de la maison à disposition et les aide à faire leur papiers. (...)

Élizabeth aide ses pensionnaires à trouver du travail ; elle les accompagne dans leurs démarches, se rend parfois aux entretiens d’embauche avec eux et leur prend elle-même des appartements en sous-location. En ce moment, elle en sous-loue quatre : trois à Domofrance et un à la Mairie. Cela s’est toujours bien passé avec les propriétaires.

Confiance mutuelle

« Ça nous donne du courage parce qu’on veut s’en sortir », affirme Éric. Ils travaillent et payent leur loyer, de son côté la gérante de l’association ne leur exige ni mois de caution, ni bulletins de salaires. C’est une « confiance mutuelle ». (...)

La situation actuelle n’arrange rien ; la question de l’accueil des étrangers ressurgit à chaque poussée électorale de l’extrême droite. Une ombre qui plane et qu’Élizabeth ne peut concevoir. (...)

Mais à son grand âge, Élizabeth commence à réfléchir au futur de son association :

« Je me donne encore trois ans, estime-t-elle. Je souhaiterais la transmettre à quelqu’un mais c’est très dur et puis c’est vrai que mon expert-comptable me le dit, jamais ça ne tournera après vous comme vous la faites tourner. »

En plus d’assurer l’accueil aux Chartrons du lundi au jeudi, elle se rend dans des squats le week-end. Elle se fait aider au quotidien par quelques bénévoles mais assure une grosse partie de la gestion toute seule. (...)

« Tout ce qu’on souhaite c’est la maison d’Élizabeth grandisse, parce que mamie elle prend de l’âge et elle a besoin de soutien, que ce soit financier et humain, reconnaît Mohammed. On ne veut pas que la maison disparaisse avec mamie, on veut que sa mentalité perdure. »