
Les élections législatives avec ce second tour des élections ont profondément modifié la perception des compromis politiques. Le résultat du vote des Français qui donne une majorité relative au Nouveau Front Populaire a créé une situation inédite. Aucun parti n’a obtenu de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Cette configuration impose la nécessité d’une approche de la gouvernance, basée sur le dialogue et la négociation entre différentes forces politiques. Nos élus en sont-ils capables ? Les compromis sont-ils possibles sans que chacun considère qu’il s’agit de compromission ?
Avant d’aller plus loin sur ce sujet, comment vous dire aussi le soulagement de millions d’électeurs (dont le mien) ? Le vote des Français n’a pas permis au Rassemblement National d’appliquer son programme particulièrement inquiétant et inhumain.
Ceci dit, la période qui s’ouvre est loin d’être idyllique. Elle est même pleine d’incertitudes.
Des compromis sont-ils possibles ?
Nous assistons à un changement de paradigme politique : L’absence de majorité claire devrait forcer les partis à reconsidérer leur approche du pouvoir.
Cette situation se rapproche davantage des systèmes politiques d’autres pays européens. De multiples gouvernements parviennent à voter des lois grâce à des coalitions. Dans certains pays à culture de compromis, cette pratique est fréquente. (...)
Il y a à mon sens urgence à pratiquer l’art du compromis : Face à cette nouvelle réalité, les hommes et femmes politiques doivent développer une culture de l’écoute, du dialogue entre républicains respectueux de la Constitution (ce que n’est pas le Rassemblement National qui souhaite la changer et s’attaque directement aux Droits de l’Homme). Le dialogue est une pratique peu présente dans la tradition politique du pays. Il se fracasse souvent sur les logiques de parti.
La notion de compromis reste généralement mal perçue. Elle est associée à tort à une forme de compromission. (...)
Un compromis se définit comme un accord obtenu par des concessions mutuelles entre différentes parties. Il implique que chacun accepte de renoncer à une partie de ses exigences pour parvenir à une entente. Loin d’être un signe de faiblesse, le compromis demande au contraire du courage politique pour dépasser les clivages au nom de l’intérêt général.
La culture politique française, marquée par une tradition jacobine et révolutionnaire, peine encore à valoriser cette pratique. (...)
Les conditions de la réussite
Toutes les formations politiques républicaines font face à une question d’importance : est-il possible d’engager un changement de mentalité et l’apprentissage de nouvelles méthodes de travail et de négociation. Différentes en tout cas de celles qui ont jusqu’ici prévalu où celui qui a la majorité gouverne seul contre tous. La gauche l’a montré en étant capable de s’unir malgré des divergences. Elle a su se mettre d’accord sur un programme.
Le compromis est un processus exigeant et de longue haleine (...)
Cela implique des négociations approfondies. (...)
Au-delà les problèmes de personnes, c’est une condition pour une stabilité gouvernementale. Cette nouvelle configuration pose la question de la capacité de notre système politique à s’adapter à une gouvernance plus « collaborative ». (...)
En travail social, les professionnels savent gérer l’art du compromis. (...)
Qu’est-ce qu’un bon compromis ?
Un bon compromis est un accord qui permet à toutes les parties impliquées de trouver une satisfaction partielle de leurs intérêts et de leurs besoins, tout en maintenant leurs valeurs fondamentales intactes. (...)
Un compromis qui forcerait une partie à renier ses principes essentiels ne serait plus un compromis, mais une compromission. (...)