Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24
Comment une fraude au Minnesota sert d’argument à Trump pour viser les Somaliens
#USA #Trump #racisme #somaliens #immigres #minorites
Article mis en ligne le 4 décembre 2025

La violence des attaques de Donald Trump contre la minorité d’Américains d’origine somalienne, qualifiés de “déchets”, se nourrit d’un vrai scandale aux aides sociales dans le Minnesota. Mais le président américain fait d’un cas très spécifique une généralité aux relents racistes.

Le président américain s’en est pris à la communauté d’origine somalienne qui réside aux États-Unis, qualifiant ses membres de "déchets" venant d’un pays "pourri", mardi 2 décembre.

"Je n’en veux pas dans notre pays", a ajouté Donald Trump, précisant qu’il comptait en profiter pour durcir encore un peu plus sa très controversée politique migratoire. Dans la foulée, l’administration américaine a suspendu toutes les demandes d’immigration provenant de 19 pays, comprenant la Somalie et dont la plupart font partie des plus pauvres au monde.
Fraude massive aux aides sociales

Ces attaques représentent "un cas d’école de la manière dont Donald Trump instrumentalise la question migratoire", assure Jérôme Viala-Gaudefroy, maître de conférences à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et spécialiste des États-Unis.

"Il avait fait pareil avec les Afghans en partant du cas du tireur qui a tué deux gardes nationaux pour en tirer des généralités. C’est le même procédé avec la communauté somalienne", précise cet expert. (...)

des entreprises ont été créées en prétextant aider à distribuer ces aides, mais en réalité, leurs fondateurs ont gardé l’argent pour eux", résume Andrew Gawthorpe, spécialiste de l’histoire américaine contemporaine à l’université de Leyde, au Pays-Bas.

La justice a commencé à enquêter sur ce réseau de fausses entreprises à partir de 2020 pour établir ce que l’administration Biden a qualifié de "plus grande fraude aux aides d’urgence aux États-Unis".
Quand le Minnesota s’inspire du modèle scandinave

Dans l’un des dizaines de cas identifiés, des faux "assistants sociaux" recrutaient des jeunes issus de la communauté somalienne en les faisant passer pour des enfants autistes, parvenant à toucher plus de 14 millions de dollars d’aides, souligne le New York Times.

Ces centaines de millions de dollars détournée au total ont essentiellement servi à financer le train de vie dispendieux d’une centaine d’individus : voitures de luxe, maisons, projets immobiliers à l’étranger, détaille le quotidien américain.

Et la fraude n’a pas pris fin avec l’arrêt des aides liées à la crise sanitaire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Minnesota a été davantage touché que d’autres régions nord-américaines. "Il dispose d’un État-providence beaucoup plus robuste qu’ailleurs dans le pays et davantage calqué sur le modèle scandinave d’une taxation élevée en échange d’un système d’aides sociales généreux", explique Andrew Gawthorpe. (...)

"C’est pour cette raison que lorsque les Somaliens ont fui la guerre civile chez eux, dans les années 1980, une grande partie a choisi de s’installer au Minnesota qui avait cette réputation d’être un État où il fait bon vivre lorsqu’on est immigré", ajoute cet expert.

Le scandale des fraudes aux aides sociales a en partie ébranlé la foi des habitants du Minnesota dans leur modèle social tout en créant des dissensions entre la diaspora somalienne, qui représente environ 80 000 individus - et le reste de la population, souligne le New York Times.

Politiquement, "c’est un sujet sensible pour le gouverneur Tim Walz, accusé d’avoir tardé à voir l’ampleur du scandale parce que la diaspora somalienne - dont la plupart des membres sont aujourd’hui citoyens américains - représente un soutien politique fort pour le parti démocrate", explique Andrew Gawthorpe.

Opportunisme politique de Donald Trump

Alors certes, cette fraude, malgré les sommes importantes en jeu, ne concerne qu’une fraction de la diaspora somalienne, qui est elle-même une communauté très minoritaire au niveau national. Mais qu’importe pour Donald Trump et la frange la plus droitière de sa base électorale. (...)

"S’en prendre à la diaspora somalienne est d’autant plus attractif "qu’il s’agit d’une petite minorité dont le poids politique est très faible" au niveau national" (...)

Le risque, d’après les experts interrogés, est que plus sa popularité va s’éroder sur les questions d’économie et autres, plus il sera tenté par la surenchère anti-immigrés. Pour ces minorités, le temps risque de paraître très long jusqu’aux élections de mi-mandat de 2026.