Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Les Mots Sont Importants
Du Président des riches au Président contre les jeunes
#Macron #inegalites
Article mis en ligne le 23 avril 2024

Gabriel Attal appelle à un « sursaut d’autorité ». Autorité de qui ? D’un gouvernement au sein duquel si peu ont échappé aux soupçons de corruption ? D’un Président régulièrement pris en flagrant délit de mensonge ? Une chose est sûre : ceux qui auraient besoin de ce surcroît d’« autorité » sont clairement désignés : les jeunes et parmi eux les pauvres, les racisés, ceux qui habitent dans les quartiers populaires, toujours soupçonnés d’ « incivilité » et de « séparatisme ». Face à cette nième épisode de la guerre sociale, nous avons estimé utile de republier ce texte initialement publié en 2020, et consacré à ce qui commence à ressembler, quand bien mêmes ses représentants de Matignon à l’Elysée aimeraient, par leur âge, faire oublier leur politique profondément réactionnaire, à une véritable présidence anti-jeunes.

Les jeunes n’ont jamais les tenues qu’il faut. Leurs jupes sont trop courtes, leurs blousons trop noirs, leurs tee-shirts trop moulants ou leurs joggings trop larges. À la rentrée dernière, la sortie de Jean-Michel Blanquer contre les crop tops semblait n’être qu’un épisode de plus de la longue histoire du ressentiment adulte envers la manière dont les jeunes s’habillent et parfois rejettent les codes de leurs aînés pour en inventer d’autres.

Elle était pourtant particulièrement hallucinante. Alors que, en 2020, le spectacle de femmes en partie dénudées, et généralement dénudées pour servir d’appât commercial, n’émeut pas grand monde, n’y avait-il pas d’autres sujets de préoccupations que des nombrils et des bouts de dos à l’air ? Une pandémie par exemple.

La réponse réside sans doute dans la préconisation qui accompagnait cette réprobation d’un autre âge : les élèves devraient, rappelait, l’œil froncé, le Ministre de l’Education nationale, adopter des « tenues républicaines ». (...)

Du paternalisme…

Sous Macron, c’est un mépris de plus en plus marqué, puis une phobie, qui s’est exprimée à l’égard des jeunes, de leurs inquiétudes et de leurs revendications, en premier lieu en ce qui concerne les questions environnementales. Face aux interpellations de la militante à l’écho désormais mondial Greta Thunberg, la fin de non-recevoir a, par exemple, été immédiate. (...)

Comment, plus efficacement, faire oublier le renoncement du gouvernement aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à l’interdiction des pesticides, et l’abandon de 90% des propositions de la Convention citoyenne ? Et redonner à l’action des hommes mûrs qui nous gouvernent les apparences de la modération, de l’équilibre et du pragmatisme.

Et pourtant : qui est responsable, qui est irresponsable ? Au-delà du singulier trompeur de la jeunesse, s’il y a bien quelque chose qui produit une unité en son sein, c’est la certitude très raisonnable qu’elle vivra des catastrophes climatiques. (...)

L’accusation d’irresponsabilité a également servi d’utile diversion à la rentrée dernière, quand la recrudescence des contaminations par le coronavirus pouvait raisonnablement être attribuée à l’inaction du gouvernement depuis la fin du premier confinement. Les hordes de jeunes, qui auraient passé leur été entier à faire la fête, et à se regrouper par milliers dans des raves, se seraient, en toute désinvolture, contaminés, et auraient contaminé les autres, mettant en péril la santé de la nation.

Le Covid : la faute aux jeunes. (...)

… à la guerre.

Les causes qui, depuis des années, mobilisent la jeunesse sont traitées par le mépris – mais un mépris qui s’est accompagné, de plus en plus, d’une violence rare. L’une de ses manifestations les plus choquantes fut sans doute le refus d’étendre le RSA aux moins de 25 ans : quand la guerre aux jeunes se confond avec la guerre aux pauvres.

Mais cette hostilité est aussi proportionnelle à l’exaspération suscitée par cette évidence : la conscience environnementale, mais aussi les sensibilités féministes et anti-racistes ne cessent de gagner du terrain pour former, chez une partie croissante de la jeune génération, des évidences [1]. Les grands enfants sont devenus des ennemis dangereux. (...)

Il y a une cinquantaine d’années, ces ingrédients, et quelques autres, ont produit une des déflagrations les plus intéressantes du XXème siècle : mai 68.