
Dans la baie de Morlaix, l’invasion d’algues vertes due à l’agriculture intensive est particulièrement nocive pour les huîtres élevées au sol, qui étouffent. Les ostréiculteurs adeptes de cette méthode traditionnelle témoignent.
Cela fait plus de cinquante ans que les algues vertes envahissent les côtes en Bretagne. L’excès de nitrate issu de l’agriculture intensive se déverse dans la mer et nourrit ces végétaux, causant leur prolifération. Celle-ci est délétère pour l’environnement et la santé, leur décomposition pouvant émettre un gaz mortel. Ces algues épargnaient jusqu’ici plus ou moins la baie de Morlaix — leur nombre a explosé cette année. (...)
Les invasions d’algues sont particulièrement nocives pour les huîtres élevées au sol. Une méthode traditionnelle qu’ils ne sont plus qu’une poignée d’ostréiculteurs, dont Marc Le Provost, à pratiquer. Les huîtres, semées directement sur le sable, y sont trente fois moins nombreuses, pour une même surface, que dans les poches à huîtres que l’on observe habituellement sur les plages. Mais leur goût serait incomparable, d’après leurs éleveurs, car les huîtres au sol profitent d’une plus riche biodiversité, ont plus d’espace donc plus de nutriments pour chacune et bénéficient d’échanges vertueux avec d’autres espèces, comme les algues rouges.
Elles sont toutefois beaucoup plus vulnérables à l’arrivée des algues vertes, qui les étouffent et finissent par les tuer lorsqu’elles s’accumulent au sol. Pour éviter le carnage, les ostréiculteurs n’ont d’autre choix que de passer régulièrement une lourde herse dans leurs parcs, avec leur bateau, pour remettre ces algues en suspension. (...)
Les invasions d’algues sont particulièrement nocives pour les huîtres élevées au sol. Une méthode traditionnelle qu’ils ne sont plus qu’une poignée d’ostréiculteurs, dont Marc Le Provost, à pratiquer. Les huîtres, semées directement sur le sable, y sont trente fois moins nombreuses, pour une même surface, que dans les poches à huîtres que l’on observe habituellement sur les plages. Mais leur goût serait incomparable, d’après leurs éleveurs, car les huîtres au sol profitent d’une plus riche biodiversité, ont plus d’espace donc plus de nutriments pour chacune et bénéficient d’échanges vertueux avec d’autres espèces, comme les algues rouges.
Elles sont toutefois beaucoup plus vulnérables à l’arrivée des algues vertes, qui les étouffent et finissent par les tuer lorsqu’elles s’accumulent au sol. Pour éviter le carnage, les ostréiculteurs n’ont d’autre choix que de passer régulièrement une lourde herse dans leurs parcs, avec leur bateau, pour remettre ces algues en suspension. (...)
« C’est un énorme surplus de travail, donc un impact économique pour nous », soupire Gireg Berder, qui pratique lui aussi l’ostréiculture au sol. « Et puis, cela revient à choisir entre la peste et le choléra : soit on manipule nos huîtres plus qu’il ne le faudrait, ce qui peut tuer les jeunes, soit on ne fait rien et les algues pourrissent en tuant tout ce qu’il y a en dessous. » (...)
Une menace pour tout l’écosystème (...)
L’accélération soudaine de l’invasion des algues vertes inquiète les ostréiculteurs. Est-ce lié aux pluies particulièrement intenses qui ont drainé plus de nitrate depuis les champs ? À un changement de pratiques ou de produits par les agriculteurs ? À la hausse de la température de l’eau ou à d’autres phénomènes passés sous les radars ? Et pourquoi les algues vertes ne se contentent-elles plus de s’accumuler sur l’estran et prolifèrent également en eau profonde ? Autant de questions qui restent aujourd’hui sans réponse. (...)
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la baie de Morlaix ne fait pas partie des huit baies bretonnes concernées par le Plan de lutte contre les algues vertes financé par l’État français. Et quand bien même : ce plan, régulièrement révisé depuis 2010, échoue dans les grandes largeurs à faire changer les pratiques agricoles à l’origine du problème, ainsi que l’avait sévèrement souligné un rapport de la Cour des comptes en 2021. (...)
« Si nous sonnons l’alerte, c’est pour le long terme. On sait bien que rien n’aura changé pour nous dans un ou deux ans, dit Gireg Berder. Mais si l’on ne réagit pas, c’est tout l’environnement de la baie qui est menacé. »