Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Arte TV
Désir et rébellion - "L’art de la joie" de Goliarda Sapienza
#fascisme #liberté #femme #résistance #rébellion
Article mis en ligne le 7 février 2024

Au travers d’extraordinaires archives qui restituent la voix bouleversante de l’écrivaine sicilienne disparue en 1996, un hommage lumineux à son destin et à son chef-d’oeuvre "anarchiste" qui a triomphé de l’oubli près de vingt ans après sa mort.

En 1976, Goliarda Sapienza, écrivaine sicilienne encore inconnue, achève un roman de près de 800 pages, L’art de la joie. Consacré aujourd’hui comme une œuvre majeure de la littérature italienne, il ne sera jamais publié du vivant de son auteure. Disparue en 1996, à 70 ans, elle avait renoncé à se battre pour "son enfant mort-né", refusé tour à tour par toutes les maisons d’édition italiennes. Mais elle avait insufflé un élan vital inouï à Modesta, son héroïne indomptable, et donc scandaleuse : au fil d’un récit "anarchiste" et foisonnant qui embrasse tout le XXe siècle, on voit cette enfant pauvre s’arracher à sa condition et enfreindre tous les tabous pour conquérir sa liberté, en même temps que les plaisirs charnels et intellectuels auxquels elle aspire. Dans le monde réel, ce roman extraordinaire va triompher aussi de l’oubli auquel on avait prétendu le confiner. En 1998, le veuf de Goliarda Sapienza, Angelo Pellegrino, décide de le publier en Italie à ses propres frais, à mille exemplaires, chez un petit éditeur, Stampa Alternativa. Passée inaperçue à domicile, cette édition confidentielle se fraie un chemin jusqu’à la Foire de Francfort, en 2003, d’où elle est adressée aux éditions Viviane Hamy, à Paris. En janvier 2004, Frédéric Martin, qui y travaille alors, en confie la première lecture à la traductrice Nathalie Castagné : celle-ci en émerge éblouie pour se plonger aussitôt dans la rédaction du texte français. Publié en 2005, L’art de la joie devient en trois semaines un phénomène littéraire, voire… "un classique", s’étonne encore son éditeur. Vingt ans plus tard, toute une génération s’en empare, faisant de Modesta une figure émancipatrice entre toutes. (...)