
Comptant venger le meurtre du jeune Thomas à Crépol, des nervis d’extrême droite avaient planifié fin novembre 2023 une expédition punitive dans le quartier populaire de la Monnaie. En toute discrétion, s’imaginaient-ils. Sept d’entre eux sont jugés mardi.
C’est le deuxième acte judiciaire d’une expédition punitive ratée qui va se tenir mardi 6 février au tribunal correctionnel de Valence (Drôme).
Dans la soirée du samedi 25 novembre 2023, environ 80 militants d’extrême droite sont descendus dans les rues du quartier populaire de la Monnaie à Romans-sur-Isère. Une semaine après le décès de Thomas, le lycéen mortellement blessé lors d’un bal à Crépol, il s’agissait pour eux de « faire payer aux agresseurs » présumés de l’adolescent, puisqu’une partie des mis en examen dans l’affaire de la rixe sont originaires de la Monnaie. Mais, alertée, la police attendait les nervis d’extrême droite et les a empêchés de nuire.
Deux jours plus tard, six hommes âgés de 18 à 25 ans étaient jugés en comparution immédiate et condamnés, avec mandat de dépôt (ils ont depuis été libérés), à des peines allant de six à dix mois de prison ferme. C’est maintenant au tour de sept autres manifestants interpellés ce soir-là d’être jugés pour le délit de « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou dégradations ». Tous les prévenus, âgés de 19 à 25 ans, réfutent ces charges.
À partir des éléments du dossier des premiers militants jugés, Mediapart a reconstitué les étapes de cette démonstration de force qui s’est conclue en déroute. (...)
Tout commence par une vidéo et un message. En garde à vue, un chômeur du Doubs âgé de 19 ans a raconté : « Sur le réseau TikTok, une vidéo a circulé. Dans cette vidéo, il était demandé à tous ceux qui se sentaient français de se rendre sur Romans-sur-Isère pour manifester en la mémoire de Thomas. »
Dans son téléphone, les enquêteurs exhument un message posté sur un canal de l’application de messagerie Telegram dénommé « Anti antifa ». « Nous nous apprêtons à faire une action de grande envergure médiatique et symbolique, peut-on lire. La réussite de notre plan ne tient qu’au respect des règles énoncées ici. On ne communique nulle part. Uniquement sur Telegram entre militants sûrs. » L’auteur du message se veut menaçant (...)
Des consignes qui rappellent celles que Marc de Cacqueray-Valménier, leader de la nouvelle génération du Groupe union défense (GUD), une organisation étudiante d’extrême droite, avait édictées à ses troupes au lendemain de l’attaque, en juin 2020, du bar antifasciste parisien Le Saint-Sauveur (...)
Une organisation « quasi militaire » (...)
120 policiers les attendent de pied ferme
Les nervis de l’extrême droite sont très bien informés. À une exception près. Ils ignorent que malgré toutes leurs précautions, la police est parfaitement au courant de l’expédition punitive. (...)
Par la suite, une entreprise située à Valence ayant refusé d’imprimer les tracts subissait un harcèlement sur les réseaux sociaux, des appels au boycott, des injures, des menaces. (...)
Des miliciens interceptés par des habitants de la Monnaie (...)