
La France va livrer trois navires de recherche et de sauvetage à la garde-côtière égyptienne et assurer la formation de ses agents, dans le cadre de l’accord passé entre l’Union européenne et le Caire en octobre 2022, révèle Orient XXI. Le but : bloquer les départs de migrants depuis les côtes égyptiennes.
L’accord passé en 2022 entre l’Égypte et l’Union européenne (UE) visant à empêcher les traversées illégales en Méditerranée s’accélère, à l’heure où les Vingt-sept craignent que la guerre entre Israël et la Hamas ne débouche sur un conflit régional et provoque un afflux de migrants en Europe.
Au sein de ce partenariat, la France tient un rôle important, révèle le média Orient XXI. Trois entreprises françaises - Civipol, son sous-traitant Défense conseil international (DCI) et le chantier naval Couach – vont fournir à la marine égyptienne trois navires de recherche et de sauvetage. Le DCI assurera également la formation des garde-côtes égyptiens. La fourniture de caméras thermiques devrait suivre dans les prochains mois.
Ces contrats, financés par l’UE à hauteur de 23 millions d’euros, ont été rendus possible par un accord passé entre le Caire et l’Union en octobre 2022. Il prévoit que les forces égyptiennes interceptent les canots de migrants en route vers l’Europe dans ses eaux territoriales, mais aussi qu’elles bloquent les exilés sur son sol. Et ce, en échange d’une aide matérielle de 110 millions d’euros.
L’Union envisage de fournir un premier navire de sauvetage à l’Égypte en 2024, indique le site Africa Intelligence.
Dans un courrier reçu par Orient XXI le 15 novembre, un porte-parole de la Direction générale du voisinage et des négociations d’élargissement de la Commission européenne (NEAR) assure que "le plein respect des droits de l’Homme sera un élément essentiel et intégré de [cet accord grâce] à un contrôle rigoureux et régulier de l’utilisation des équipements".
Les Égyptiens, premier contingent des arrivées en Italie en 2022
Malgré la déclaration de ce porte-parole de la Commission européenne, le partenariat UE-Egypte inquiète les défenseurs des droits. Le pays est dirigé depuis 2013 d’une main de fer par Abdel Fattah al-Sissi, qui mène une violente répression à l’encontre des opposants politiques – l’Égypte compte 60 000 détenus d’opinion. Les droits de l’Homme y sont régulièrement bafoués. (...)
En 2022, un migrant sur cinq débarqué en Italie était originaire d’Égypte, selon l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA). Les Égyptiens représentaient l’an dernier le premier contingent d’arrivées en Italie, dont un tiers de tous les mineurs isolés, d’après Rome.
"Ce phénomène va être accentué par le soutien de l’UE au gouvernement égyptien. L’immigration est instrumentalisée par les dictatures de la région comme un levier pour obtenir un appui politique et financier de l’Europe", estime l’ONG Refugees platform in Egypte (REP), citée par Orient XXI.
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