
Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Les chiffres de ces violences restent très élevés. La pédagogie de l’égalité des sexes manque d’ambition.
(...) En début de semaine, de nouveaux chiffres sortaient : une grande enquête conduite par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), auprès de 109.000 personnes âgées de 18 à 74 ans en France métropolitaine, a recueilli « le vécu et les opinions en matière de sécurité » en 2021 . Des données, qui habituellement échappent aux services de police et gendarmerie -lorsque les victimes renoncent à déposer plainte- apparaissent donc dans les résultats.
Un focus particulier sur les violences sexistes et sexuelles baptisé « enquête Genese » montre que les femmes sont systématiquement les premières victimes de violences, qu’il s’agisse de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, au sein du foyer, dans l’espace public ou au travail, depuis l’enfance. (...)
Plus de 40% des femmes ont déjà eu affaire à un comportement à connotation sexiste ou sexuel au travail contre 14,9% des hommes. (...)
De son côté, la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), à l’origine du 3919, constate pour 2021, une augmentation de 14% du nombre d’appels (92 674) par rapport en 2019 (2020 ayant été une année exceptionnelle avec les confinements) et l’analyse des appels révèle une aggravation des violences : augmentation des viols conjugaux, menaces de mort, tentatives de féminicide et des agresseurs récidivistes… La FNSF note en effet un fort taux de récidive : plus de 2100 auteurs de violences s’en étaient déjà rendus coupables par le passé.
Climat propice à la violence sexiste
Si l’arsenal législatif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles s’est un peu amélioré ces dernières années depuis le Grenelle, la révolution culturelle indispensable à un recul de ces violences n’est pas encore en marche. Les associations d’aide aux victimes de violence sexistes et sexuelles déplorent toujours le manque de moyens accordés à la formation des acteurs en première ligne dans la lutte contre ce fléau : la justice et la police notamment, manquent de personnel formé pour recevoir et instruire les plaintes
Mais c’est aussi au climat de violence sexiste et de domination masculine qu’il faut s’attaquer. (...)
L’éducation à l’égalité et la lutte contre les stéréotypes qui font de la violence des hommes une norme sociale font partie des priorités énoncées par les associations pour lutter contre les violences. A l’occasion de la journée du 25 novembre, nombre d’associations proposent des actions d’éducation à l’égalité, partout en France, dans des grandes et toutes petites villes, mais elles le font avec des moyens dérisoires. A l’école de la République, cette éducation à l’égalité des sexes ne pèse pas lourd (lire : Rentrée des classes : le HCE appelle à un plan d’urgence de l’égalité ) et la lutte contre les stéréotypes sexistes dans les médias et dans la culture est loin d’être une priorité… (...)
Dans un communiqué de presse, le mouvement Femmes solidaires écrit :
« Parce que ces violences s’inscrivent dans un continuum qui prend sa source dans les stéréotypes sexistes de tous les jours, il est essentiel de travailler sur la sensibilisation et le changement des mentalités et ce dès le plus jeune âge. Chaque jour, Femmes solidaires et l’ensemble des associations féministes de ce pays, dans leur diversité et au-delà de leurs divergences, le font dans les médias, dans la rue, dans le monde éducatif. Mais ce n’est pas suffisant !
Maintenant nous voulons que l’impunité recule, que les femmes et les enfants soient réellement protégé.e.s, que les auteurs soient punis et que la tolérance sociale des violences recule dans la rue, dans tous les domaines de la vie économique, culturelle, sociale et politique, dans les théâtres, dans les films, dans les médias, dans les hémicycles, dans les grandes institutions, des collectivités aux plus hautes instances de la République.
Ne trouvons plus d’excuses pour changer ce monde. Plus de discours, des actes ! La peur, la honte doivent changer de camp. »
Femmes solidaires