
Une action devant la Maison de la Région Occitanie à Narbonne, le 26 février 2024, rappelle l’opposition des citoyens réunis dans les Soulèvements de la terre contre les travaux de l’autoroute A69 Toulouse-Castres. À travers une lettre ouverte à Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, ils demandent un moratoire immédiat sur ce projet.
Lettre à Madame Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie.
Madame la Présidente
Nous vous demandons par ce courrier de prendre position contre la construction de l’autoroute A69, et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire arrêter immédiatement les travaux en cours.
Nous vous demandons d’intervenir auprès de l’État pour que cesse immédiatement la mise en danger des gens qui, sur place s’opposent à ce projet destructeur du vivant. En effet, les différents lieux de résistance au projet de l’A69 subissent un déploiement militaire disproportionné depuis des semaines, dont le seul but est d’instaurer la terreur par un harcèlement quotidien : privation de sommeil, surcharge sensorielle, privation en eau et nourriture, intrusion violente sur terrain privé sans mandat, blessures physiques, insultes et provocations sexistes et homophobes, arrestations, procédures judiciaires abusives. Pourtant, la résistance continue au sol et dans les arbres. Face aux blindés, aux gaz, aux grenades, aux LBD, aux drones, aux matraques, la résistance continue. Depuis un an désormais, la lutte ne cesse de s’étendre le long du tracé.
Face à cette violence, les occupants affirment haut et fort leur désir d’en finir avec les projets qui ne servent les intérêts que de quelques uns, en détruisant ce qui nous appartient à tous : le Vivant. Ce n’est pas un vain mot, ni une expression toute faite. Le Vivant, c’est le monde, et nous en sommes, vous et nous. Entre Castres et Toulouse, ce sont des terres habitées par des êtres vivants, pour certaines cultivées par des êtres humains, pour d’autres habitées depuis longtemps avant nous par d’autres êtres vivants qui ignorent tout de vos projets destructeurs, qui ignorent tout de leur mort programmée, dont nous vous tiendrons pour responsable, vous et tous les promoteurs du projet, si vous n’intervenez pas pour arrêter immédiatement les travaux.
En ces temps de colère paysanne, les opposants se battent contre la bétonisation de terres agricoles et l’expropriation de paysan.ne.s. Ils se battent donc pour une façon de vivre et dans ce cas précis, une façon de se nourrir. Nous savons quel monde créent les autoroutes dans leur sillage. Nous ne voulons ni exporter nos produits en Chine ni voir se déverser encore plus de légumes d’Espagne et d’agneau néo zélandais.
Tout semble mis en œuvre par l’État pour que le mouvement s’essouffle. Soyez certaine qu’il ne fait que croître, s’étendre, se densifier, se composer et s’agréger. (...)