
Moins visible que les blocages de routes et lieux publics annoncés par les instigateurs du mouvement du 10 septembre 2025, la décision de commerçants et artisans de fermer leur entreprise ce mercredi traduit plus profondément le malaise social qui traverse le pays. Reportage à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne), bourg centre où des acteurs économiques croient à de meilleurs lendemains.
"Nous, les petits, c’est nous qui souffrons le plus alors que c’est nous qui faisons tourner la machine et créons le plus d’emplois."
Sophie Allegrini en a gros sur le cœur. Patronne depuis dix ans de Publi Services, une entreprise familiale basée à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) qui a aussi deux bureaux à Castelsarrasin et Fleurance (Gers), elle n’ouvrira pas son établissement au public ce mercredi 10 septembre 2025. (...)
Lire aussi :
– (France Bleu)
Mobilisation du 10 septembre : des commerces de la Manche vont baisser le rideau
Qui répondra au mot d’ordre "Bloquons tout" et quelle sera l’ampleur de la mobilisation ce 10 septembre ? Des rassemblements sont annoncés dans plusieurs villes de la Manche. Certains commerçants ont d’ores et déjà prévenu qu’ils fermeraient mercredi, notamment des bars-restaurants. (...)
Que des commerçants baissent le rideau lors d’une mobilisation, ce n’est pas fréquent mais c’est justement pour marquer cette rupture, montrer sa colère que Frédérik Lerévérend va participer lui aussi mercredi, en fermant sa pizzeria le Bel Canto à Saint-Lô. "Fermer le rideau, c’est pas simple par les temps qui courent. C’est pour être solidaire. Tout ce qui nous tombe dessus, il y en a ras-le-bol, qu’on soit patron ou autre chose. Nous, on travaille, on se lève tous les matins et on nous demande de nous serrer la ceinture. Alors que là-haut, qu’est-ce qu’ils font pour se serrer la ceinture ? Il faut du changement, même si j’y crois pas trop..."
"L’argent, il va où ?"
Fermer ces établissements tout en maintenant la rémunération des salariés sur ce jour-là, c’est aussi ce que prévoit de faire Mathieu Lebrun dans son bar et son bowling à Saint-Lô. (...)
"Ils veulent taxer maintenant les pourboires des jeunes dans les bars, dans les restaurants, on trouve ça pas normal. Et donc il faut faire bouger quelque chose", témoigne Eric Fauvel, qui tient le Brok café à Cérences.
La crainte principale de ces commerçants, c’est une récupération politique du mouvement. (...)