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Street Press
Mâchoire d’un Gilet jaune fracassée par un tir de LBD : le policier condamné à du sursis
#GiletsJaunes #manifestations #LBD
Article mis en ligne le 21 octobre 2025
dernière modification le 18 octobre 2025

Sept ans après les faits, un policier a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir tiré au LBD-40 dans la tête d’un Gilet jaune en 2018, le blessant grièvement à la mâchoire. StreetPress était présent au procès.

Lorsque le délibéré contre Romain P. est rendu ce mardi 14 octobre dans la 10ème chambre du tribunal correctionnel de Paris (75), aucun soulagement ne se fait entendre sur les bancs de la partie civile. Comme un mois plus tôt, à l’audience du 16 septembre, David D., 38 ans, n’a pas trouvé la force de revoir le policier qui, sept ans plus tôt, lui a tiré dessus au lanceur de balles de défense (LBD), le blessant grièvement à la mâchoire. Le tailleur de pierre pour les monuments historiques a enfin réussi à se reconstruire malgré le trou dans sa gencive où les greffes n’ont jamais pris. « Il devait venir, mais c’était trop dur », avait rapporté son avocate Chloé Chalot. « Il m’a dit : “Si je reviens dans cette salle, ça va me remettre dans des mauvais sentiments, je veux avancer dans ma vie”. »

Dans une décision « très mûrement réfléchie et débattue », le tribunal a tenu à rappeler que « l’atteinte à l’intégrité physique dans une manifestation ne peut être légalement justifiée que par un recours à la force strictement nécessaire et proportionné ». Or, le LBD « constitue une arme de défense visant non pas une foule mais un individu particulier » tandis que « la menace représentée par David D. [n’a pas été] démontrée ». Les circonstances particulières du tir qu’a défendu le policier, notamment « l’insuffisance d’effectifs » et le « manque de munitions », ont cependant poussé le tribunal à prononcer une peine « d’avertissement » afin « de ne pas entraver la poursuite de sa carrière. » L’agent Romain P. a donc été condamné à six mois de prison avec sursis. Sollicitée par StreetPress, son avocate Maître Anne-Laure Compoint a immédiatement fait appel. Elle n’a pas souhaité commenter. (...)

55 tirs de LBD en une journée par le policier

À la barre, Romain P., désormais brigadier-chef dans une brigade territoriale de contact des Hauts-de-Seine (92), défend devant les juges la même position que durant toute la procédure : celle d’un tir de dernier recours face à une « horde » de manifestants. Il aurait utilisé le LBD car ni les charges, ni les grenades n’auraient eu « l’effet escompté ». (...)

« J’ai décidé d’impacter l’un d’entre eux afin de les stopper. Le LBD a un impact psychologique important qui permet de faire reculer un groupe que rien d’autre n’arrête. » (...)

alors que c’était la première fois qu’il l’utilisait l’arme en situation, Romain P. a tiré 55 fois. Un niveau d’utilisation « démesuré », reconnaît-il lui-même à l’audience.

Sans minimiser le « contexte très particulier », le tribunal ne veut pas se laisser impressionner. « La question, c’est la raison pour laquelle vous avez ciblé spécialement David D. », lui rappelle la présidente, qui estime ses explications devant les enquêteurs et la juge d’instruction « sinon confuses, peut-être contradictoires ». (...)