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Mediapart
À Chicago comme dans tous les États-Unis, une foule immense exprime son ras-le-bol de Trump
#USA #TRump #resistances #manifestations #NoKings
Article mis en ligne le 21 octobre 2025
dernière modification le 20 octobre 2025

À l’appel de la coalition « No Kings » (« Pas de rois »), des millions d’Américains ont défilé samedi 18 octobre dans tout le pays pour protester contre l’autoritarisme de Donald Trump. À Chicago, le rassemblement a été massif dans une ville où le président états-unien tente de déployer l’armée.

Donald Trump a voulu les dépeindre en ennemis de l’Amérique et en terroristes. Samedi 18 octobre, à Chicago, ville au cœur du Midwest qu’il a qualifiée d’« enfer sur terre » pour justifier l’envoi de la garde nationale et déclencher une chasse aux migrant·es, une foule immense lui a répondu de la manière la plus retentissante possible.

Environ 250 000 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées de manière pacifique – et joyeuse aussi malgré la gravité du moment – avec beaucoup de bruit, musique et slogans. Et en lançant une nouvelle fois « Bas les pattes ! » (« Hands off ! ») au président états-unien.

Cynthia Cortez, 27 ans, est venue avec ses parents. Sa mère s’est déguisée en licorne. La mode de se travestir et de revêtir des costumes gonflables est partie de Portland, autre ville démocrate, située sur la côte Ouest, également dans le viseur de Donald Trump. Il s’agit de se moquer des affirmations de ce dernier, selon lequel la ville est une zone de guerre. (...)

Beaucoup de manifestant·es ont suivi cette pratique marquée par la dérision et l’ironie. Sur le site de vente par correspondance Amazon, les costumes sont désormais épuisés. Même si l’on approche de la fête de Halloween, pour laquelle il est habituel de s’accoutrer, la politique joue sûrement un rôle non négligeable dans cette pénurie. Samedi, dans le cortège, on pouvait ainsi voir toutes sortes de créatures, depuis les dragons jusqu’aux dinosaures, en passant par l’ogre vert Shrek. Sans oublier les poulets. Et, bien sûr, les grenouilles, par lesquelles tout a commencé.

Parmi les cibles de la multitude de pancartes et banderoles – un concours d’ingéniosité –, on trouve bien entendu le président états-unien, mais aussi certains de ses affidés comme son conseiller à la sécurité intérieure, Stephen Miller, ou Kristi Noem, la responsable de ce même département. Une agence dont Kristi Noem a la charge est également conspuée : ICE, la police de l’immigration.

Solidarité avec les migrants pourchassés

Ses agent·es masqué·es, qui circulent dans les rues à bord de véhicules banalisés, sont à la fois craint·es et détesté·es par une grande partie de la population. En cause : leurs méthodes brutales, leurs raids dans les quartiers et leurs rafles de migrant·es, la plupart appartenant à la communauté latino, depuis plus d’un mois dans le cadre de l’opération « Midway Blitz ».

Officiellement, il s’agit d’expulser de dangereux criminels, mais les victimes sont surtout des travailleuses et travailleurs qui vivent aux États-Unis depuis des années et se retrouvent séparé·es de leur famille. Un père de famille a été tué par balles au cours d’une des opérations de cette police (...)

« Je suis une migrante de deuxième génération, explique la jeune entrepreneuse. Je ressens tout ce qui se passe au plus profond de mon âme. Cela peut arriver à n’importe qui d’entre nous, beaucoup d’entre nous sont issus de l’immigration. Nous sommes tous ici pour protéger quelqu’un. Cela pourrait être nos cousins, notre sœur, notre père qui ne rentrent pas du travail. Je veux qu’ils sachent que nous sommes là pour les protéger. Ce qu’ils font n’est pas juste. »

Elle se mobilise pour celles et ceux qui, de peur d’être embarqué·es par ICE, n’osent plus sortir de leur maison. Il y a deux semaines, elle a organisé un événement pour récolter des dons alimentaires, qu’elle a ensuite distribués. Un réseau de solidarité bien utile dans ces périodes sombres. « Je sais que les gens ont peur de sortir de chez eux, indique-t-elle. Les gens ne font pas leurs courses. Les enfants ne vont pas à l’école. C’est donc ce que je fais. Les gens ont du pouvoir, une seule personne peut changer beaucoup de vies. » (...)

« Nous ne nous rendrons jamais ! », a lancé le gouverneur, qui a dénoncé le fait que des « personnes noires et latinos sont prises pour cibles en raison de la couleur de leur peau ». « Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous sommes ici pour dire d’une seule voix qu’il existe une menace existentielle pour notre république constitutionnelle. Il ne s’agit pas d’un choix politique. Il s’agit d’un impératif moral. »

« Ce que Trump n’avait pas prévu, a poursuivi J. B. Pritzker, c’est que Chicago se mobiliserait pour défendre la liberté, les droits individuels et les valeurs américaines, parce que nous aimons l’Amérique. » La foule a alors scandé des « USA ! USA ! ». (...)

Le gouverneur a rappelé que, dans le passé, Chicago avait refusé d’appliquer la loi de 1850 obligeant à expulser vers les États du sud du pays les esclaves qui avaient fui. Puis a conclu par un tonitruant : « Donald Trump, reste loin de Chicago ! » (...)

Le maire noir de la ville, Brandon Johnson, a lui aussi galvanisé l’auditoire en dénonçant la volonté de l’administration Trump de revenir sur toute une série de conquêtes en matière de droits civiques. « Ils veulent se venger de la guerre civile [dite de Sécession – ndlr], a-t-il affirmé. Mais nous sommes ici pour rester fermes, pour rester engagés – nous ne céderons pas. Nous ne nous laisserons pas intimider. La tentative de diviser et de conquérir cette nation ne prévaudra pas, car lorsque le peuple est uni, la justice prévaut toujours. » (...)

À Chicago comme ailleurs, les défilés de samedi marquent l’une des plus importantes mobilisations du second mandat de Donald Trump seulement neuf mois après son retour à la Maison-Blanche. Une manière de montrer que la peur qu’il tente d’instiller est moins forte que la détermination de celles et ceux qui refusent son pouvoir personnel à un an des élections de mi-mandat.