
Interrogeant les effets de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi et sur la société américaine au sens large, le député démocrate Bernie Sanders en fait un argument pour la réduction du temps de travail et de nouvelles taxations sur les entreprises.
L’intelligence artificielle et l’automatisation pourraient détruire jusqu’à 100 millions d’emplois aux États-Unis dans la prochaine décennie. Telles sont les conclusions d’un rapport publié le six octobre par la commission à la santé, l’éducation, le travail et les retraites (commission HELP) du Sénat étatsunien, sur lequel Bernie Sanders s’appuie pour interroger la soutenabilité sociale du modèle dominant du secteur de l’IA.
Dans une tribune publiée dans le média conservateur Fox News, c’est-à-dire avant tout à destination d’un public qui lui est opposé, le représentant de l’aile gauche du parti Démocrate décrit les effets que l’industrie a déjà sur les emplois des américains.
Et de citer les licenciements opérés chez Amazon ; le remplacement de conducteurs par des camions automatisés par des sociétés comme FedEx ou Walmart ; ou même les patrons de la tech eux-mêmes, lorsque, à l’instar de Bill Gates, ces derniers déclarent que grâce à l’IA, les humains « ne seront plus nécessaires à l’essentiel des tâches » d’ici une dizaine d’années, que ces occupations consistent à créer des produits, livrer des paquets ou cultiver de la nourriture. (...)
L’enjeu, écrit-il, « n’est pas simplement économique. Le travail, qu’il s’agisse d’être concierge ou chirurgien du cerveau, fait partie intégrante de l’être humain. » Outre les questions qu’il soulève sur l’emploi, le monde économique et le partage des richesses, le développement de l’IA et de l’automatisation recomposent nos manières de faire société.
ChatGPT, McKinsey et Anthropic aux prédictions
Le rapport sénatorial, on l’aura saisi, est un objet à visée politique. En l’occurrence, pour aboutir à l’estimation de la destruction de 100 millions d’emplois aux États-Unis sur dix ans, la commission HELP indique s’être tournée… vers ChatGPT. (...)
Ces dernières semaines, les dirigeants de sociétés aussi diverses que PricewaterhouseCoopers (PwC) ou Ford justifiaient le recul de leur nombre d’embauches par le recours à l’IA.
Recourir à l’IA pour réduire le temps de travail ? (...)
Déclarant ne « pas être un luddite », Bernie Sanders conclut sa tribune pour Fox News sur la nécessité de s’assurer que les nouvelles technologiques « servent les besoins humains » plutôt que d’enrichir « un petit nombre de multi-milliardaires ».
Et de proposer, entre autres, de passer à la semaine de 32 heures sans perte de salaires, d’obliger les grandes entreprises à ce que leurs travailleurs puissent élire au moins 45 % de leur conseil d’administration, pour être en mesure d’influer sur le développement des technologies, ou encore d’imposer une « taxe sur les robots » aux grandes entreprises, dont les fonds serviraient à « améliorer les conditions de vie des travailleurs lésés ».