
Le député LFI a débattu pendant plus d’une heure avec le syndicat qui a marqué la récente mobilisation par ses actions coup-de-poing. Leur discussion a fait apparaître des convergences insoupçonnées, malgré un désaccord indélébile sur les mégabassines.
Choc des cultures garanti : ce syndicat formé en 1991 par des déçus de la FNSEA, qui occupe la deuxième place dans le paysage syndical agricole, tient un discours à la fois contre la mondialisation et contre les mesures écologiques, raison pour laquelle il est courtisé par le Rassemblement national (RN) et souvent catalogué très à droite, voire à l’extrême droite.
Mais l’élu de la Somme, obsédé par l’idée de ne faire aucun cadeau à Marine Le Pen, a voulu faire la démonstration d’une alchimie possible de la gauche avec cette frange des agriculteurs et agricultrices mobilisé·es, loin des mots d’ordre de la Confédération paysanne – avec laquelle il dialoguera aussi dans la foulée.
« En découvrant la CR, je me suis rendu compte que vous utilisiez les mêmes mots que moi depuis 1991 », annonce François Ruffin à la présidente du syndicat, Véronique Le Floc’h, entourée de plusieurs autres responsables. Ces mots s’affichent en gros sur une banderole : « Exception agriculturelle. » (...)
« Vous l’avez dit avant moi, mais je le dis depuis 2010, poursuit-il. Je suis arrivé à la question agricole par la question industrielle : j’ai vu partir les usines de mon coin, la Chine est devenue l’usine du monde. Veut-on faire la même chose avec l’agriculture, que le Brésil devienne la ferme-usine du monde ? Contre le dumping généralisé et la grande lessiveuse de la mondialisation, il faut une exception agriculturelle, il faut sortir l’agriculture des accords de libre-échange. »
Avec les « prix planchers », la gauche fait coup double
L’annonce de la mise en place de « prix planchers » pour les productrices et les producteurs, faite samedi par Emmanuel Macron lors d’une inauguration très chaotique, a marqué une victoire idéologique importante pour la gauche. En novembre dernier, cette mesure défendue depuis longtemps par la gauche paysanne avait fait l’objet d’une proposition de loi de LFI, qui avait été rejetée à six voix près.
La voir aujourd’hui reprise par le chef de l’État, et voir aussi le président du RN Jordan Bardella effectuer une volte-face spectaculaire sur cette question – en la critiquant auprès de France Bleu alors que son parti la défendait depuis plus d’une décennie –, conforte François Ruffin dans l’idée que la gauche peut offrir un point de repère stable au monde agricole. (...)