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Mediapart
« Attiré » par Soral, journaliste chez Russia Today : une enquête de Mediapart provoque la démission de la plume du gouvernement
#extremedroite #macronie #alexisbetemps
Article mis en ligne le 5 avril 2024
dernière modification le 3 avril 2024

Avant même d’avoir été publiée, une enquête de Mediapart sur le CV caché du conseiller « discours et opinion » de la porte-parole du gouvernement a provoqué sa démission. Alexis Bétemps fut, il y a quelques années encore, le relais de l’extrême droite sur les réseaux sociaux. Il dit avoir évolué, tout en refusant l’étiquette de « repenti ».

Une heure après l’envoi de nos questions à Prisca Thevenot, Alexis Bétemps nous a indiqué qu’il avait « fait le choix de quitter [son] cabinet » et que sa démission avait été « acceptée » par la ministre déléguée.

Au cœur de l’affaire : le CV caché de cette plume du gouvernement, chargée notamment de la réplique à l’extrême droite. Lorsqu’il a été embauché par Olivier Véran en octobre 2023, puis reconduit en janvier par la successeure de celui-ci, Alexis Bétemps était, sur le papier, directeur conseil au sein de l’agence de communication 2017, rédacteur en chef « philosophie » de la revue antimoderne Philitt et auteur de tribunes dans Marianne.

Mais notre enquête montre un parcours plus embarrassant : par le passé « attiré » par les idées d’Alain Soral, ce communicant de 32 ans est un ancien chef d’édition de la chaîne de propagande russe Russia Today (RT) France, et il s’est fait, il y a quelques années encore, le relais de l’extrême droite sur les réseaux sociaux, de Marine Le Pen à l’écrivain Renaud Camus, condamné pour provocation à la haine raciale.

Au fil de nos échanges, Alexis Bétemps a donné plusieurs versions. Le 24 mars, il nous a indiqué par téléphone qu’il était par le passé « plutôt militant anti-extrême droite » et, s’agissant des milieux soraliens, « pas du tout de ce bord-là ».

Puis, lors de notre rencontre, le 28 mars, il a finalement admis avoir fréquenté « les milieux d’extrême droite et d’extrême gauche », et avoir nourri une « attirance » pour les idées d’Alain Soral, par positionnement « anti-système », « anti-UE », « anti-impérialisme », par intérêt pour « le discours anti-israélien » de l’essayiste antisémite, et par « provocation », pour « faire chier les bourgeois ». (...)

Ce recrutement au sein du porte-parolat du gouvernement ne manque pas d’étonner, car Olivier Véran et Prisca Thevenot sont deux figures de la Macronie prétendant incarner la lutte contre l’extrême droite au gouvernement. En septembre, deux mois avant d’embaucher Alexis Bétemps, Véran s’était lancé dans une tournée des villes gérées par le Rassemblement national (RN) pour parler à ses électeurs et électrices. (...)

Sollicitée par Mediapart, Prisca Thevenot n’a réagi qu’après la publication de notre article : « Il ne fait plus partie du cabinet. J’ai signé son décret de sortie aujourd’hui. Je suis ulcérée. Je n’aurai jamais dû le reprendre du cab précédent. »

Contacté, Olivier Véran nous a affirmé qu’il n’« étai[t] absolument pas au courant du passé professionnel » de son conseiller, « ni des tweets qu’il avait pu liker », sinon il ne l’aurait « pas recruté, quand bien même aurait-il changé ». (...)

Un relais de l’extrême droite sur les réseaux sociaux (...)

Rédacteur en chef d’une revue proche de la Nouvelle Droite (...)

Un ancien chef d’édition de la chaîne pro-russe RT France (...)