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Mediapart
Après la nomination de Michel Barnier, la manifestation du 7 septembre prend une nouvelle dimension
#electionslegislatives #NFP #LFI #Macron #destitution #7septembre
Article mis en ligne le 7 septembre 2024
dernière modification le 6 septembre 2024

Deux mois après l’arrivée du Nouveau Front populaire en tête des législatives, une manifestation pour « la défense de la démocratie » s’organise samedi. Si son succès n’est pas acquis, l’arrivée d’un homme de droite au poste de premier ministre la rend plus inflammable.

Comme un pétard qui rencontre une allumette ? La nomination de Michel Barnier à Matignon par Emmanuel Macron le 5 septembre, après des semaines de fausses pistes, pourrait rendre la manifestation de samedi plus explosive que prévu. La date avait été posée tôt, pour le symbole et pour peser dans l’urgence sur un président de la République retranché dans sa tour d’ivoire. (...)

Exactement deux mois après l’arrivée du Nouveau Front populaire (NFP) en tête des élections législatives anticipées, La France insoumise (LFI) et des organisations de jeunesse – Union étudiante et Union syndicale lycéenne –, rejointes par les Écologistes, le Parti communiste français (PCF), le Planning familial, Nous Toutes, la Jeune Garde ou encore Attac, appellent à « une grande manifestation contre le coup de force d’Emmanuel Macron » en tendant la main aux « forces politiques, syndicales et associatives attachées à la défense de la démocratie ». (...) (...)

L’attitude du président de la République depuis le 7 juillet n’a fait qu’accentuer la défiance de la gauche et du mouvement social à son égard, qui attendaient de lui un changement de cap politique. (...)

L’inertie au sommet, le mouvement à la base

La donne a donc changé pour les organisateurs de cette manifestation, qui devait jusqu’à jeudi être une manifestation « contre X », comme s’en amusait Manès Nadel, président de l’Union syndicale lycéenne. La situation, qui incarnait jusqu’à la caricature le maintien du statu quo, témoigne désormais de l’inconséquence démocratique d’Emmanuel Macron.

« Michel Barnier n’a aucune légitimité à être premier ministre. En nommant un macro-lepéniste, Macron fait le jeu de l’extrême droite, et ça ne peut que renforcer la mobilisation », analyse Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante. « Ça nous donne deux fois plus de raisons de nous mobiliser. On était dans une forme d’inconnu, on sait désormais qu’on est dans une mascarade institutionnelle », commente Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac. « C’est profondément choquant : on a eu un vote très clair contre Macron et l’extrême droite, et on se retrouve avec un gouvernement Macron qui a le soutien de l’extrême droite. On ne se rend pas encore compte de la portée de cet acte », complète Manès Nadel.

Reste à savoir si la colère peut se traduire en action collective, ou si l’apathie sur laquelle compte le président de la République depuis sa « trêve olympique » l’emportera. (...)

En dehors de Paris, d’autres rassemblements sont prévus dans quelque 150 villes, selon les organisateurs. (...)

En dehors de Paris, d’autres rassemblements sont prévus dans quelque 150 villes, selon les organisateurs. (...)

Toutefois, le défi à relever pour rassembler largement en aussi peu de temps, dans un contexte où la gauche a de quoi désespérer, reste immense. (...)

Le fait que LFI soit le principal initiateur de l’appel avec les organisations de jeunesse pourrait avoir perturbé le récit unitaire du NFP. (...)

« La mobilisation du 7 septembre, dans toutes les villes-préfectures, sera le premier temps populaire de l’action. Le dépôt des motions de destitution et de censure ouvrira le débouché politique de ces actions de terrain. Elles en seront le prolongement naturel », écrit Jean-Luc Mélenchon sur son blog, en grand artificier du mouvement social.

Un mouvement social ingouvernable ?

Cette désunion au sommet peut avoir un effet dissuasif sur la société civile non encartée (...)

Les syndicats ont en ligne de mire le 1er octobre, censé marquer l’ouverture des débats sur le budget à l’Assemblée nationale.

On sait toutefois à quel point la personnalité d’Emmanuel Macron peut coaliser les colères contre lui. Le matériel de propagande diffusé par LFI met l’accent sur ce point (...)

Si le doute demeure sur l’envergure de la mobilisation samedi, les protagonistes du mouvement social partagent la conviction qu’une colère diffuse est là. Seule la question de la manière dont elle va surgir est en suspens. Le souvenir des « gilets jaunes », dont les revendications avaient fini par porter sur la démocratie avec le référendum d’initiative citoyenne (RIC), n’est pas loin. (...)