
Dévoilé en janvier par des opposants à l’A69, un projet de modernisation du réseau ferroviaire entre Toulouse et Castres pourrait être une alternative sérieuse à la construction de l’autoroute.
Le 15 avril, ce docteur en écologie a été auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le montage juridique et financier du projet d’autoroute. Invité à s’exprimer par la rapporteure de la commission, la députée écologiste-Nupes Christine Arrighi, Jean Olivier a pu présenter durant trente minutes une solution de substitution à la construction de l’autoroute entre Toulouse et Castres.
Visiblement exaspéré par cette intervention et « le dévoiement de cette commission d’enquête », le président de la commission, le député Renaissance du Tarn Jean Terlier, coupe court aux échanges. « Vous avez compris l’agacement qui était le mien », pointe-t-il. Pourtant, le sujet de l’alternative ferroviaire se révèle central dans le dossier de l’A69.
Né dans les années 1990, le projet de liaison autoroutière A69 entre Castres et Toulouse n’a cessé de diviser la population locale. Les travaux ont officiellement débuté en mars 2023. Mais des collectifs de citoyens se battent depuis 2007 contre l’autoroute, notamment le Collectif RN126 ou La Voie est libre. (...)
aucune étude concernant l’alternative ferroviaire ne semble avoir été produite par les pouvoirs publics. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire le 27 février, l’ancien ministre des Transports Dominique Perben avoue « ne pas avoir le souvenir qu’on ait mis en balance à l’époque une opération routière par rapport à une opération ferroviaire ». (...)
La députée écologiste de Haute-Garonne Christine Arrighi assure à Basta ! « avoir demandé à plusieurs reprises l’étude comparative qui prouve que l’alternative ferroviaire a été envisagée. On m’a répondu qu’on ne retrouvait plus le dossier. Soit on nous ment, et c’est très grave, soit aucune étude n’a été produite et c’est tout aussi grave puisque cela signifie que le choix de l’autoroute plutôt qu’un autre moyen de transport a été fait par pur dogmatisme. » (...)
Autorité environnementale (autorité chargée de l’évaluation environnementale des projets) a rendu son avis sur le projet. Il contredit la présidente de région. « Aucune prise en compte de choix modaux alternatifs n’a été présentée, au motif que le chemin de fer utilise un autre itinéraire pour relier Toulouse et Castres. Cet argument est sans effet sur l’un des objectifs principaux motivant le projet et son utilité publique : le “désenclavement” de Castres », peut-on notamment lire dans ce document.
Mieux exploiter la ligne existante (...)
Une bataille de chiffres
Jean Olivier et Benoît Durand ont également estimé le coût de ces travaux et de ces différents aménagements sur la ligne. Pour cela, ils ont consulté des experts et recoupé leurs chiffres avec des projets similaires menés par la SNCF en France, notamment en Loire-Atlantique. Selon leurs recherches, cette modernisation coûterait entre 80 et 120 millions d’euros.
Un montant que n’a pas tardé à démentir Carole Delga, fin janvier, dans les colonnes de La Dépêche. Selon elle, des travaux sur cette ligne coûteraient au minimum un milliard d’euros. L (...)
Carole Delga écrit disposer d’une solution « optimum » pour la ligne ferroviaire, qui coûterait 2,7 milliards d’euros. Une différence de coût considérable qui s’explique en partie par des choix d’infrastructures différents. (...)
« Doubler la voie sur toute la ligne c’est inutile. Ils cherchent à discréditer cette alternative », avance Jean Olivier. « Avec nos projections, on a montré qu’avec deux gares de croisements supplémentaires on peut avoir un train toutes les 30 minutes. On pourrait transporter plus de voyageurs qu’avec l’autoroute avec ce cadencement. » (...)
Pour Jean Olivier, même si les travaux de l’autoroute avancent, « il est fort probable que ce projet routier soit annulé si l’on prouve que l’alternative ferroviaire n’a pas été sérieusement envisagée ». Si c’est le cas, il affirme que « les infrastructures déjà construites pour l’autoroute, notamment les viaducs, pourraient être réutilisées pour poser des voies ferrées ».