
Depuis début novembre, des centaines de demandeurs d’asile sont arrivés aux postes-frontières finlandais depuis la Russie, alors qu’ils ne sont habituellement qu’une dizaine par mois à s’y présenter. Helsinki accuse Moscou d’avoir orchestré cet afflux de migrants et a fermé la quasi-totalité de ses postes-frontières. Conséquence : les migrants se rendent désormais dans le nord de la Russie, malgré le froid, car c’est là que se trouve le dernier point de passage ouvert.
(...) La Finlande accuse la Russie d’avoir orchestré cet afflux de migrants. Un avis partagé par la Commission européenne. Elles estiment que l’objectif est de déstabiliser le pays en représailles à son adhésion à l’Otan en avril et à son rapprochement avec les États-Unis en matière de défense. Le Premier ministre finlandais a déclaré qu’il était "clair que ces personnes sont aidées, escortées ou transportées".
Même son de cloche du côté des gardes-frontières finlandais : "Avant, les Russes ne laissaient pas les gens franchir leurs postes frontaliers s’ils n’avaient pas les documents requis pour entrer en Finlande. Mais désormais, ils les laissent passer. De plus, le phénomène que l’on observe est facilité par le crime international, qui organise cette immigration illégale", a indiqué le commandant Pentti Alapelto à la rédaction des Observateurs de France 24. (...)
Le 22 novembre, notre rédaction a échangé sur WhatsApp avec Ahmed (pseudonyme), dont le numéro apparaît sur des vidéos filmées près de la frontière et circulant sur les réseaux sociaux. Il affirme qu’il se trouve en Turquie, d’où il organise des voyages de la Russie vers la frontière finlandaise pour les migrants.
J’envoie les personnes en voiture à la frontière, en accord avec le service des frontières russe. On donne 500 dollars [457 euros, NDLR] aux gardes-frontières par migrant pour qu’ils les laissent aller vers la Finlande, au niveau des points de passage. Le service des frontières leur donne également des vélos. (...)
Depuis dix jours [soit depuis le 12 novembre, NDLR], j’ai envoyé environ 200 personnes à la frontière : ce sont surtout des Syriens, des Irakiens, des Tunisiens, des Marocains, des Turcs, des Yéménites et des Libanais. Parmi eux, certains étaient en Russie, en Biélorussie, en Géorgie ou en Turquie avant. (...)
Notre rédaction n’a pas pu vérifier les affirmations de ce passeur de façon indépendante. Cependant, "l’accord" qu’il décrit avec les Russes rejoint les accusations formulées par les Finlandais. (...)
Fermeture de la quasi-totalité des postes-frontières
Pour contrer l’arrivée de ces personnes sans papiers, la Finlande a fermé quatre postes-frontières dans la nuit du 17 au 18 novembre, et trois autres dans la nuit du 23 au 24 novembre. Seul un point de passage au nord reste donc ouvert pour les demandeurs d’asile. (...)
Contacté par notre rédaction, le Comité d’Assistance Civique, une ONG russe qui aide les migrants et les réfugiés, réagit à la décision finlandaise de fermer ses postes-frontières.
Cela va compliquer les choses pour les familles qui vivent des deux côtés de la frontière. De plus, les Syriens, les Yéménites ou encore les Somaliens qui n’ont quasiment aucune chance d’obtenir l’asile en Russie vont être coincés dans notre pays. Ils pourraient l’obtenir en Finlande, mais en fermant ses frontières, celle-ci ne leur donne plus la possibilité de le demander.
Au niveau des points de passage situés vers le nord, il y a des gens qui sont actuellement dans des tentes. Ils risquent de mourir de froid, car les températures sont très basses, et c’est déjà arrivé au moment de la crise entre la Biélorussie et l’UE. Ces demandeurs d’asile doivent être traités avec respect et mis hors de danger.
En Russie, des dizaines de réfugiés ont récemment été arrêtés par la police, jugés et condamnés à la déportation car beaucoup sont dans une situation illégale : leurs visas ont expiré ou ils n’ont pas obtenu l’asile. (...)