
Le réalisateur français Christophe Ruggia a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel, lundi, d’avoir abusé sexuellement de l’actrice Adèle Haenel lorsqu’elle était mineure et lui a infligé une peine de quatre ans de prison, dont deux ferme à effectuer sous bracelet électronique.
Dénouement d’une affaire qui a fait émerger le #MeToo du cinéma français. Christophe Ruggia a été reconnu coupable, lundi 3 février, d’avoir agressé sexuellement l’actrice Adèle Haenel quand elle avait entre 12 et 14 ans.
Le réalisateur de 60 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à quatre ans de prison, dont deux ferme à effectuer sous bracelet électronique.
L’actrice, visiblement nerveuse avant le jugement, n’a pas réagi à l’annonce du délibéré. Christophe Ruggia, qui évitait de la regarder, n’a pas montré de réaction non plus. Le tribunal a aussi condamné le réalisateur à indemniser Adèle Haenel à hauteur de 15 000 euros pour son préjudice moral, et 20 000 euros pour ses années de suivi psychologique. (...)
"Vous avez profité de l’ascendance que vous aviez sur la jeune actrice", une "conséquence de la relation instaurée" pendant le tournage du film "Les Diables", dans lequel le réalisateur avait fait jouer Adèle Haenel à 12 ans pour son premier film.
Le tribunal a rappelé les témoignages des adultes sur le plateau, mal à l’aise face à son comportement "inadapté". Une fois le tournage terminé et dans son "prolongement" et "quasiment tous les samedis-après-midi" pendant les années de troisième et quatrième de l’adolescente, Christophe Ruggia avait "adopté des gestes et attitudes sexualisées", a aussi expliqué le président. (...)
À la barre, l’actrice avait décrit le processus toujours identique des agressions. Elle assise sur le canapé, lui qui vient "se coller" l’air de rien au fil de la conversation parce que "ma puce [t’es] vraiment trop drôle". Puis les mains qui passent sous le t-shirt, dans son pantalon.
L’actrice qui avait péniblement contenu sa rage face aux dénégations répétées de Christophe Ruggia, se contentant de le fixer d’un regard noir qu’il évitait, avait fini par exploser la seconde après-midi de procès.
Bondissant de son siège et dans un cri venu de loin, elle avait hurlé "mais ferme ta gueule !", frappant des mains sur la table devant elle, figeant pendant quelques secondes une salle d’audience habituellement plus policée.
Elle avait ensuite quitté la salle, comme en écho à son départ de la cérémonie des César en 2020 après le prix du meilleur réalisateur décerné à Roman Polanski, un geste qui l’avait érigée en symbole des féministes. (...)