
A Totnes, lieu de naissance du mouvement des Villes en transition, on apprend à réinventer, à se réappoprier l’économie. Et à travers l’Europe, comme par exemple à Budapest avec Cargomania, les initiatives locales créent des emplois dans des activités soutenables et durables, alternatives à l’emploi salarié et réponse pertinente au chômage.
(...) Au Schumacher College, institution créée en 1990, toutes les tâches sont partagées, un jour une heure au jardin, le lendemain à la cuisine ou au ménage. On mange des produits locaux et de saison, qui plus est végétariens... et c’est délicieux ! Les ateliers se construisent suivant les initiatives et les demandes des uns et des autres. Un superbe exemple que l’auto-gestion ça marche... dans un contexte qui s’y prête. (...)
Plusieurs discussions et rencontres formidables, notamment avec Juan qui coordonne le réseaux des villes en transition en Espagne, Miguel impliqué dans des initiatives locales autour de l’agriculture bio, des ventes directes et aussi des énergies renouvelables au Portugal ou encore Claudian qui anime les réseaux des éco-villages et de la permaculture en Roumanie...
Quelques réflexions, remarques et discussion remarquables, comme par exemple David Graeber venu présenter son dernier ouvrage à venir sur la rationalité, la bureaucratie et la liberté, laissant la conclusion au fondateur du College, le militant pacifiste indien Satish Kumar : « Dans les sociétés occidentales vous avez toujours besoin de toujours plus de lois complexes, de bureaucratie et de répression parce que les gens ne se connaissent pas. Il n’y a pas d’humain ni de confiance ».
Décroissance ou transition ?
Au cœur des débats et des rencontres, comment faire mouvement ? Comment construire des liens, des ponts entre toutes ces personnes, les initiatives que l’on voit émerger partout ? Je ne vais pas m’étendre sur ces questions déjà évoquées dans mes dernières chroniques, mais force est de souligner la maturité et la sagesse naissante dans nos milieux où les combats d’ego, de chapelles semblent s’apaiser. (...)
la Décroissance, dans son rôle d’empêcheur de penser en rond, avec sa radicalité et sa pertinence permet d’aller plus loin dans les débats, dans la déconstruction des mythes et aussi dans la construction de possibles alors que la Transition avec son approche pragmatique et inclusive permet de construire ce qui peut l’être, sans attendre et en assumant ses contradictions. La Décroissance défriche de nouveaux chemins, la transition s’y engouffre. (...)
A Totnes, les bagnoles restent autorisées dans la rue principale, sujet tabou pour une partie importante de la population, mais on paie en monnaie locale, on se nourrit en vente directe, on construit sa maison avec une entreprise locale de manière plus écologique dans un pays où le logement est un problème majeur et surtout on a créé des emplois locaux, soutenables et durables. (...)
La solution n’est pas la compétitivité, mot à la mode, entre les régions. Mais les solutions sont là, simples, soutenables et locales, sans dépendre ni des grandes banques ni d’un soutien énergétique et technique important du sud ou de la Chine... (...)