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Street Press
Violences policières dans les sous-sols du tribunal de Paris. « certains filment les écrans de contrôle et envoient les images des tabassages aux collègues sur Snapchat »
#violencespolicieres #harcelement
Article mis en ligne le 15 mars 2023

Selon nos informations, un petit groupe de policiers en poste au dépôt de nuit du tribunal de justice de Paris aurait commis des violences sur des personnes enfermées, à plusieurs reprises, depuis près d’un an. StreetPress s’est procuré une vidéo.

Tribunal de justice de Paris (75) – La bâtisse majestueuse se dresse vers le ciel. 38 étages baignés de soleil et trois sous-sols sous lumières artificielles. C’est dans ces souterrains blafards que se cache le dépôt. Une enfilade de cellules par lesquelles transitent jour et nuit des centaines de personnes enfermées en sortie de garde à vue, ou avant de partir vers une prison. 200 fonctionnaires de police se relaient pour assurer la surveillance des lieux. C’est dans ces sous-sols, pourtant truffés de caméras, qu’un petit groupe de gardiens de la paix en poste de nuit aurait pris l’habitude de se défouler sur les justiciables.

C’est un « incident » survenu le 6 février qui va permettre à la hiérarchie d’entrouvrir la boîte de Pandore. « Un collègue avait une marque sur le front. Il explique qu’il s’est fait frapper par un déféré, mais qu’il ne veut pas porter plainte », croit savoir une policière, jointe par StreetPress. Son supérieur qui sent l’embrouille, demande un rapport. Et « comme ce n’était pas bien clair, les autres agents ont été cuisinés un chouïa », complète un autre fonctionnaire par message. Les gradés décident de jeter un œil aux images de vidéo-surveillance. (...)

Des violences répétées
(...)

« C’était extrêmement prévisible », commente maître Arié Alimi. « Notamment en raison du contexte violent dans ce service ». Il est l’avocat d’Amar Benmohamed, un brigadier-chef lanceur d’alerte qui avait permis à StreetPress de révéler un système de maltraitance raciste dans ces mêmes cellules du tribunal de Paris. Des faits d’une ampleur inédite : plus d’un millier de personnes avaient subi de la part de policiers des humiliations et des insultes souvent racistes ou homophobes. Certains retenus ont également été privés de nourriture ou d’eau, et de soins médicaux… Des sanctions administratives légères ont été prononcées, la justice n’a pas poursuivi les auteurs présumés. Et l’avocat de tacler :

« En ne donnant aucune suite à cette affaire, la section AC2 du parquet [en charge des violences policières, NDLR.] ne pouvait qu’entraîner un sentiment d’impunité dans le service. Il faut y mettre fin. J’appelle toutes les victimes et notamment celle de la vidéo à porter plainte. »