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Un ornithologue paysan transforme une ferme en écrin de biodiversité
Article mis en ligne le 8 décembre 2020
dernière modification le 7 décembre 2020

Agriculture et préservation des équilibres du vivant ne s’opposent pas, bien au contraire. C’est ce que démontre l’ornithologue-naturaliste Sébastien Blache sur l’exploitation familiale du Grand Laval, qu’il a reprise en polyculture élevage. Un exemple de cohabitation que le paysan voudrait promouvoir, alors que près de la moitié du territoire national est cultivé.

(...) À l’approche de l’exploitation bio en polyculture élevage dans la plaine de Valence, il y a comme un air d’oasis. Un écrin de verdure, des animaux en pâturage, un étang… Autour par contre, le paysage est monotone. Les champs géométriques ont été labourés et la terre est presque à nue. Pas une herbe folle. Pas un centimètre à perdre pour les céréales type maïs, spécialité intensive locale pour l’élevage de poulets. Avant d’être ami de la vie sauvage, le Grand Laval avait le même visage. (...)

Sa transformation tient à une reconversion. Alors ornithologue-naturaliste à la Ligue pour la protection des oiseaux, Sébastien Blache a eu l’occasion de reprendre la ferme familiale en 2006. Passionné d’oiseaux de montagne, spécialiste de la chouette chevêche, intéressé par les milieux agricoles, le Drômois d’alors 33 ans a changé de vie dans la plaine sans oublier la biodiversité. Au contraire : « Ici, j’ai l’impression que tout est possible. » Le paysan-naturaliste dédie 10 % de ses terres au sauvage, quitte à les retirer des aides de la Politique agricole commune (PAC).

Le système de la ferme s’organise autour d’une diversité d’activités et de ventes directes, qui procure la sérénité économique sur des terres aux rôles repensés. Au long des berges du ruisseau qui traverse l’exploitation, finies les fauches, place aux plantations. Les aulnes et les saules révèlent des habitats ignorés jusqu’alors. « On a enclenché, puis ce qu’on appelle la mégaphorbiaie [plantes vivaces hautes de zones humides] s’est reformée, décrit Sébastien. Églantier, reine des prés, beaucoup d’espèces sont revenues toutes seules. »

« On fait confiance à la nature » (...)

« Planter des arbres ne suffit pas, insiste Sébastien Blache. Pour faire rentrer la biodiversité, il faut faire des efforts. » (...)

Sur trente hectares, les cultures tournent et se mêlent. Dans le potager, les fruitiers ont leur place. Comme le millet ou le tournesol — pour faire farine ou huile — au milieu du verger. Les oiseaux adorent. « Avec un maximum de vivant, on optimise les possibilités de service rendu, estime Sébastien Blache. On fait confiance à la nature. »

L’arboriculture est la plus risquée. Seul problème du paysan et de sa compagne, associés : la cloque du pêcher, qui nécessite une pulvérisation de cuivre chaque année. En revanche, les poules protègent les arbres des tordeuses des chenilles ou des pucerons, tout en fertilisant le sol. (...)