La jeune réalisatrice pakistanaise Sharmeen Obaid Chinoy a été distinguée aux Oscars pour son documentaire sur les attaques à l’acide. Elle profite de ce prix pour lancer une campagne de sensibilisation.
Et à part ’The Artist’ ? Le reste du palmarès des Oscars est passé quelque peu inaperçu. Il faut pourtant relever le prix décerné, dans la catégorie court-métrage documentaire, à ’Saving Face’ (’Sauver la face / le visage’).
Ce film pakistanais, réalisé par Sharmeen Obaid Chinoy et Daniel Junge, suit le travail que mène un chirurgien britannico-pakistanais avec la Fondation des survivants de l’acide (Acid Survivor Foundation, ASF) pour opérer et soutenir les femmes pakistanaises victimes de jets d’acide au visage. Deux d’entre elles y témoignent.
Les attaques à l’acide, le phénomène est mondial. Elles tuent rarement mais laissent des victimes dévisagées et psychologiquement marquées. Ce sont principalement des jeunes files qui sont visées, pour des raisons d’honneur – par exemple pour avoir rejeté une demande en mariage. Au Pakistan elles seraient au moins une centaine, chaque année, à subir de tels actes de violence. Le combat de l’ASF a poussé le pays à adopter, en décembre 2011, une loi faisant des attaques à l’acide un crime passible d’au moins 14 ans de prison. L’Inde, le Bangladesh, l’Afghanistan et le Cambodge figurent parmi les autres pays les plus touchés.sharmeen160x167
Cet Oscar, que Sharmeen Obaid Chinoy a dédié à « tous les héros qui travaillent sur le terrain », est le premier venant récompenser un film pakistanais. Ces dernières heures l’événement a fait la Une de toute la presse du pays (ci-contre, sur The Express Tribune) et la jeune réalisatrice de 33 ans a croulé sous les louanges des dirigeants politiques.
Mais pas question de se reposer sur ses lauriers. Sharmeen Obaid Chinoy a profité de ce succès pour aussitôt prolonger son film par une campagne destinée « mettre un terme aux violences à l’acide, au Pakistan et ailleurs ». (...)