
Après une décision de la Cour de cassation, Ahmet Altan, journaliste et écrivain de renom âgé de 71 ans, a été libéré mercredi soir de la prison d’Istanbul où il était incarcéré depuis 2016 pour des liens supposés avec le putsch manqué de la même année. Un événement intervenant au lendemain de la condamnation de la Turquie par la Cour européenne des droits de l’Homme pour la détention de l’intellectuel.
(...) "J’étais assis (en prison) quand on m’a soudain annoncé ce soir que j’allais être remis en liberté", a déclaré à l’AFP Ahmet Altan, devant son domicile à Istanbul. "J’ai pu voir mes enfants, je vais aller passer un peu de temps avec eux", a-t-il ajouté avec un large sourire. (...)
Arrêté en septembre 2016, Ahmet Altan avait été condamné à la prison à vie en février 2018 pour "tentative de renversement de l’ordre constitutionnel".
Rejugé après une première annulation de son procès par la Cour de cassation, il avait été condamné en novembre 2019 à dix ans et demi de prison. Libéré à l’issue de son second procès, il avait été de nouveau arrêté et incarcéré au bout d’une semaine.
Ahmet Altan, qui a fondé le journal d’opposition Taraf, s’est notamment fait connaître en dehors de la Turquie par le récit de sa vie en prison. Son livre "Je ne reverrai plus le monde" a été publié en France aux éditions Actes Sud. (...)
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées, plus de 140 000 limogées ou suspendues et des dizaines de médias fermés dans le cadre de vastes purges lancées en 2016.
"Très heureux d’apprendre que la Cour de cassation de la Turquie a ordonné la libération de l’écrivain Ahmet Altan", a réagi sur Twitter le rapporteur du Parlement européen sur la Turquie, Nacho Sanchez Amor, appelant à l’"abandon des poursuites" qui visent l’intellectuel. (...)
Le frère d’Ahmet Altan, Mehmet, écrivain et universitaire, avait été accusé lui aussi d’être impliqué dans la tentative de putsch et a été emprisonné pendant près de deux ans, avant d’être acquitté.
Mercredi, la Cour de cassation a également annulé la condamnation d’une autre journaliste et écrivaine, Nazli Ilicak, qui avait été arrêtée en même temps que les frères Altan et condamnée en 2019 avec Ahmet. Elle avait été libérée en novembre 2019.