Nous rappelons ici que le FMI propose un plan d’austérité qui inclut un programme d’ajustement structurel aux conséquences sociales néfastes visant à diminuer les subventions sur l’énergie, pour toucher ensuite les produits de premières nécessités tel que le pain. Le FMI aurait aussi proposé d’auditer la STEG et trois banques publiques afin de les privatiser ensuite. Bien d’autres conditions suivront par la suite car quand un pays signe un accord avec le FMI, il ne peut plus prétendreêtre le maître de sa politique économique. Nestor Kirchner, l’ancien président de l’Argentine l’a bien exprimé en 2005 quand il s’est félicité de l’anticipation du paiement de sa dette intégrale envers le FMI : « L’Argentine commence à construire son indépendance ».
Le document que nous publions ici est un procès-verbal de la réunion des membres du gouvernement daté du 31 janvier 2013 et portant sur l’accord du FMI. Dans ce PV nous remarquons tout d’abord l’exclusion de l’Assemblé Nationale Constituante du processus de prise de décision. Le conseil n’a réunit que 17 membres ; aucun représentant de l’ANC n’a été présent.
En second lieu, nous remarquons que plusieurs membres du gouvernement s’opposent aux conditions imposées par le FMI :
(...) le FMI menace le gouvernement de revoir sa notation souveraine à la baisse en cas d’adoption du projet d’audit de la dette. Et c’est pour cette raison d’ailleurs que le gouvernement a essayé de retirer le projet d’audit à l’ANC. Or, selon la députée, Mme Mabrouka Mbarek, le projet est toujours d’actualités car seuls les 23 membres de l’ANC qui l’ont proposé peuvent le retirer. Paradoxalement, le chef de la mission du FMI pour la Tunisie, Mr Amine Mati, a commis l’imprudence de nous confier lors de notre entrevue en date du Mercredi 27 février 2013 que l’agence standard and Poor’s l’a consulté avant de baisser la dernière note souveraine de la Tunisie. Le FMI cherche t-il à mettre plus de pression afin d’urger le gouvernement à signer l’accord ?
(...) Le gouvernement se trouve aujourd’hui face à un choix difficile : accepter le prêt du FMI avec ses conditions hostiles qui appauvrissent le peuple tunisien, en espérant reconquérir la confiance des prêteurs, ou bien privilégier la “justice sociale” et “l’emploi”, les deux principales revendications de la révolution tunisienne qui ne peuvent être réalisées simultanément avec un plan d’austérité.
L’Argentine a fait ce choix et a même opté pour un défaut de paiement pour sauver le peuple argentin. D’autres pays ont choisi de creuser encore plus leurs déficits budgétaires afin de libérer plus de capitaux pour le développement régional et la création d’emploi. Quelque soit sa décision, le gouvernement doit avant tout revenir à la question centrale : Est-ce bien le projet de société auquel les Tunisiens aspirent et qui répond aux objectifs de la révolution ?