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Greek Crisis
Tsiprograd
Article mis en ligne le 21 septembre 2015

Les Grecs n’ont pas voté massivement. Il était... temps. Élections législatives parodiques, placées sous le règne déjà du silence, voire sous celui du deuil et du choc. Le taux d’abstention du 20 septembre est pratiquement de 44%, au lieu de 35% à 37% lors des précédentes élections législatives. L’abstention la plus importante depuis la fin de la dictature des Colonels en 1974... a gagné. Fin d’époque.

Car pour la grande histoire, si tristement épisodique, c’est surtout l’arrivée du nouveau patron de la Task Force de la Troïka élargie en Grèce qui inaugurera au mieux un nouveau style, s’agissant du néerlandais Maarten Verwey qui vient tout juste de prendre ses fonctions... de Proconsul.

Et cela se vit... se meurt et se voit. Pour le quotidien britannique tout semble clair, car “indépendamment du vote des Grecs, c’est bien Maarten Verwey, haut fonctionnaire au ministère des Finances néerlandais qui a rejoint la Commission en 2011 pour aussi conduire son programme d’assistance de Chypre, qui dirigera ce qui équivaut à un groupe de travail de l’UE en Grèce, d’après les médias grecs il sera de fait le véritable Premier ministre”.

En somme, l’analyse faite par “The Guardian”, résume... l’essentialisme du mémorandum Tsípras. Les pouvoirs de Maarten Verwey sont sans précédent. “Et même si peu d’électeurs dans les rues d’Athènes connaissent encore son nom, beaucoup d’entre eux, comprennent alors que le choix de leur bulletin de vote mis dans l’urne pour ces élections, n’aura que peu d’impact sur ce qui va leur arriver par la suite”. La messe est dite, d’où sans doute cette indifférence des Grecs lors de la parodie de la campagne électorale.

“Car dans les conditions draconiennes imposées par le mémorandum III, Athènes a formellement cédé le contrôle de grands pans de sa politique économique et sociale à ses prêteurs de la zone euro. Le protocole dit d’entente, impose au gouvernement grec de consulter la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international pour tous ses axes politiques (actions) pertinents... avant qu’ils ne soient finalisés ou légalement adoptés. La Grèce devrait ainsi remanier radicalement son économie, apporter de profonds changements à son système de santé, comme à celui des retraites, et enfin reformer sa fiscalité”. Voilà pour l’essentiel. (...)

comme l’a fait remarquer Zoé Konstantopoúlou (Présidente du précédent Parlement et non-élue, puisque l’Unité Populaire n’a pas réussi son entrée au Parlement), “ce nouveau Parlement représente à peine la moitié des Grecs” (abstention, vote blanc et partis non représentés à la Chambre). Et alors après ?

Athènes en ce Septembre 2015 rappelle (et encore très confusément) la fin de la Démocratie des temps antiques. En 405 avant notre chronologie, la défaite athénienne à la Guerre du Péloponnèse conduisit à une nouvelle crise (en 404) et l’instauration du régime des Trente, dirigé par Théramène et Critias, où le pouvoir est confisqué par trente citoyens épaulé par une assemblée réduite à 3.000 citoyens.

Parallèlement, les... métèques furent arrêtés et leurs biens confisqués. Progressivement, le démos se désintéresse complètement des affaires de la cité, et l’on assiste à une professionnalisation de la vie politique athénienne. En 322, la démocratie disparaît au profit d’une oligarchie censitaire qui réservait la Politeía aux seuls possesseurs d’une fortune de 2.000 drachmes, abaissés à 1.000 drachmes en 317 par Démétrios de Phalère. La démocratie athénienne ne sera plus désormais que l’ombre d’elle-même. (...)

quelle que soit la composition exacte du gouvernement suites aux tractations entre SYRIZA et ANEL, c’est d’abord d’un gouvernement du mémorandum qu’il s’agit. Nous savons que le modèle dominant, tantôt imposé par le chantage (le choc) et tantôt par la ruse (dont la propagande), tient de la coopération entre par exemple sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens (qualificatifs au demeurant totalement vidés de leur sens), modèle ayant généré ce centre extrémiste de l’ordolibéralisme, pour ainsi mettre en œuvre ses mandats et ses préceptes.

Mes amis... Unionistes populaires sont pratiquement aphones ce lundi matin, le grand silence. Difficile de dire si ce mouvement survivra et alors sous quelle forme, d’abord sur le terrain des luttes sociales... en jachère. Mes autres amis, Xénophon, Panagiótis, Manólis restés Syrizistes bien fidèles, pensent que “la dialectique de l’histoire et des conflits amènera des résultats dans le futur, rien d’autre n’était d’ailleurs possible en ce moment, le monstre est trop fort”. Les Grecs le vivent, les autres peuples sentent toute proche déjà, cette la respiration du monstre qui ne sera plus jamais doux. Anéantissement des droits, des salaires, des salariés, de l’espoir, de l’espace-temps, de l’espace vécu et pratiqué, de la souveraineté et enfin de la démocratie (même celle de façade).

Il semblerait que cet ordolibéralisme se pratiquerait de manière moins flagrante et plus... allongée dans la zone A’, celle des pays centraux de l’Euroland. Par contre, pour ceux de la seconde zone, les... PIGS (Portugal, Italie, Grèce et Espagne) ainsi que ceux de l’ex-bloc de l’Est, c’est une autre politique (c’est-à-dire, d’un autre ordre) qui est pratiquée. Ces pays sont destinés à devenir des colonies et ce nouveau colonialisme se nomme Union Européenne. Et très probablement à terme, les peuples des pays dits centraux n’y échapperont pas au même sort, avalés vifs (ou plutôt nécrosés) par leurs propres gouvernements, obéissant aux ordres des vrais suzerains impériaux. (...)

le résultat électoral supposé “encourageant” de ce dimanche 20 septembre marque plutôt... un temps mort (et glacé) de la vie politique en place et lieu d’un élan ardemment humain et chaud comme ce fut le cas en janvier et en juillet 2015. (...)

Alexis Tsipras a été humilié (et son pays avec), le Parlement ne jouera plus aucun rôle et les Grecs se sont massivement abstenus des urnes, donc de la parodie. La crise du parlementarisme est si grave qu’elle a peut-être atteint ses limites. Le terrain devient plus fertile que jamais... à la montée du néonazisme, déjà, l’Aube dorée se vante d’être la troisième force du pays (7% des suffrages exprimés). Cependant, SYRIZA et ANEL ont réussi leur pari, mais contrairement à la victoire de janvier 2015, c’est plutôt le couronnement du désespoir et autant celui... du faible crédit que les Grecs accordent à la Nouvelle démocratie. Logique.

Dans les quartiers d’Athènes l’Aube dorée refait surface, elle redevient visible... à l’œil nu, et dans les îles de l’Égée orientale, là où l’afflux des refugiés et des migrants fut le plus massif, l’Aube dorée a pratiquement doublé son score, au détriment essentiellement de SYRIZA et du PC grec (KKE) d’après une première analyse du vote. (...)

Dans les quartiers populaires, rongés par le chômage et par la... “Misérocratie”, l’abstention a été énorme. Dans un bureau de vote du Pirée (le 311ème de la deuxième circonscription), la participation a été de 2,4% seulement, record alors absolu. Dans les bureaux de vote, j’ai aussi remarqué le peu d’empressement des “citoyens”, tranquillité et anémie. (...)

Certaines études indiquent que pratiquement un demi-million de Grecs ont déjà quitté leur pays. Lorsque les entreprises recherchent (très rarement) des professionnels de haut niveau en vue de les embaucher ; eh bien ils ne retrouvent plus personne... les métiers et les dextérités ont émigré ailleurs et accessoirement, ils ne voteront plus très souvent.
(...)

Les autres dénombres indiquent la recrudescence des homicides, des suicides, des cambriolages, des pratiques de la prostitution, ou des violences entre... humains. Dans l’immeuble, à la moitié des appartements vides depuis le temps des mémoranda, les crises et les violences au quotidien... désormais nous inquiètent. Les familles se déchirent, la sociabilité s’effondre, les liens meurent.

Chômage, précarité, désespoir. Les chômeurs ont d’ailleurs massivement voté en faveur de l’Aube dorée comme de l’Unité populaire (...)