Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
“The Great Reset” : l’extrême droite européenne lance à Paris son plan pour démanteler l’UE + interview de steve Bannon sur Sismique
#Europe #UE #extremedroite #TheGreatReset
Article mis en ligne le 8 novembre 2025
dernière modification le 7 novembre 2025

Des militants d’extrême droite se sont retrouvés à Paris pour le lancement français d’un projet de « réinitialisation » de l’Union européenne, « The Great Reset ». À l’initiative de l’événement : des groupes d’influence polonais et hongrois.

Tout un symbole des alliances internationales des extrêmes droites. Mardi 4 novembre, c’est à la maison de l’Argentine, à la Cité internationale de Paris, qu’a été présenté pour la première fois en France « The Great Reset » ou « Grande réinitialisation », plan de l’extrême droite européenne pour démanteler l’UE. Quelques jours après la victoire inattendue du parti du président argentin Javier Milei aux élections législatives argentines de mi-mandat, l’introduction de la soirée était confiée au directeur de la Maison, Santiago Muzio, avocat franco-argentin.

L’homme est l’associé de Marion Maréchal dans son Institut de sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP), une école privée de sciences politiques à Lyon. Au programme : la présentation d’un projet de réforme « contre la dérive centralisatrice de Bruxelles », pour « remettre la souveraineté nationale au cœur de l’UE ».

Derrière cette feuille de route détaillée en 40 pages figurent l’Institut polonais ultraconservateur Ordo Iuris, groupe de lobbying auprès des institutions européennes et proche du parti national-populiste et eurosceptique Droit et justice (PiS), et le Mathias Corvinus Collegium, (MCC), think tank hongrois financé par le gouvernement du fondateur du Fidesz, Viktor Orbán.

Ces deux organisations très actives à Bruxelles veulent influencer les politiques européennes, avec l’appui du puissant groupe de réflexion ultraconservateur états-unien The Heritage Foundation, concepteur du programme politique de Donald Trump, à travers le « Projet 2025 ».

Alliances d’extrême droite (...)

Ces initiatives inquiètent l’eurodéputée écologiste Mélissa Camara : « Nous avons tenté d’interpeller la présidence du Parlement européen et de faire interdire des “conférences” sur la "remigration" et visant les personnes transgenres, en vain », confie-t-elle à Basta !. De même pour sa collègue de La France insoumise Manon Aubry, coprésidente du groupe de la gauche au Parlement européen : « Nous n’avions pas autant d’événements organisés par l’extrême droite au Parlement lors du mandat précédent. On voit clairement qu’ils ont davantage de moyens financiers », observe l’eurodéputée.

L’événement du 4 novembre bénéficiait également du soutien de l’Institut de formation politique, école pour les cadres d’extrême droite notamment financée par le milliardaire ultraconservateur Pierre-Édouard Stérin, comme l’a révélé le média La Lettre. Mais aussi de la Bourse Tocqueville, qui forme des Français aux méthodes des think tank conservateurs américains.

Démanteler les institutions

À la tête de ces deux structures partenaires de la soirée : Alexandre Pesey, qui a aussi fondé l’Institut libre de journalisme (ILDJ) créé, selon Le Monde, par la droite identitaire pour gagner en influence sur les médias. Alexandre Pesey est aussi présent depuis un an au capital de l’École supérieure de journalisme de Paris (l’ESJ Paris), aux côtés de plusieurs milliardaires, parmi lesquels Bernard Arnault (LVMH) et Vincent Bolloré. (...)

L’anti-« wokisme » fédérateur des extrêmes droites

Outre sa critique d’une Europe « centralisant le pouvoir au détriment de la souveraineté nationale », le rapport entend être une réponse à une Union cherchant, selon l’extrême droite, « à forger une nouvelle identité collective en invoquant des concepts banals et nébuleux, tels que la diversité, le respect de la liberté, des droits et de la dignité, l’État de droit, l’égalité, le pluralisme politique, la séparation des pouvoirs, la démocratie, la protection des minorités et le respect de la société civile ».

Ce qui serait une « identité totalement artificielle, fustige Olivier Bault au micro. L’homme rejette les « valeurs d’inclusivité, progressistes », et des fonds selon lui « utilisés au niveau local pour imposer l’idéologie du genre, l’idéologie LGBT qui n’est pas partagée par ces sociétés ».

 Ecouter le podcast de Sismique :
Steve Bannon a accordé une longue interview à The Economist.

L’ancien stratège de Donald Trump, cerveau du mouvement MAGA et figure centrale du populisme mondial, y annonce sans détour que Trump aura un troisième mandat en 2028.

Il parle d’un “plan” pour contourner la Constitution, d’une stratégie de “prise de contrôle et de purge des institutions”, et d’un réseau international de forces nationalistes prêtes à remodeler le monde politique occidental.

Pourquoi The Economist, symbole du libéralisme global, lui donne-t-il la parole ? Parce que Bannon n’est plus une figure marginale. Il est l’un des idéologues les plus influents de notre époque, et ce qu’il décrit dans cet entretien ressemble à un manifeste : celui d’un nouveau pouvoir, illibéral, technopolitique, messianique.

Cet épisode revient sur les propos les plus marquants de l’interview, sur ce qu’ils révèlent du moment politique américain, et sur la guerre culturelle et institutionnelle qui s’annonce entre populisme et démocratie libérale.

Au-delà du cas Trump, c’est une réflexion sur la fragilité de nos démocraties, et sur ce que Bannon incarne : le projet assumé de refonder le monde à partir de la colère.