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le Monde Diplomatique
Trompe-l’œil à l’américaine
Article mis en ligne le 27 novembre 2013
dernière modification le 25 novembre 2013

Soutenue notamment par une énergie bon marché, l’économie américaine redémarre, mais le pays pâtit de dissensions politiques : pareil lieu commun, récemment présenté par l’hebdomadaire britannique The Economist (1), distord la réalité. A la lutte contre les effets et les causes de la crise, cette perspective substitue la réduction des dépenses publiques. En outre, ce cadre d’analyse dissout les critiques contre l’« élite au pouvoir (2) » dans la dénonciation de l’action publique en général, ou dans la déploration de la dérive réactionnaire du Parti républicain.

(...) En réalité, les Etats-Unis ne sont pas sortis de la crise, comme le démontre l’ouvrage de Kristin S. Seefeldt et John D. Graham (5). Près de cinquante millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté (l’équivalent de 1 500 euros par mois pour un couple avec deux enfants). Ce nombre, sans précédent, a crû de 27 % entre 2006 et 2010. L’impact de la crise sur l’emploi est encore plus impressionnant : le chômage a plus que doublé entre 2006 et 2010, et la baisse enregistrée depuis lors s’explique par le recours massif au temps partiel subi et par la disparition dans les décomptes officiels des chômeurs sans indemnités. Le sous-emploi concerne aujourd’hui 18 % de la main-d’œuvre.

Après avoir passé en revue les programmes d’aide aux indigents et remis en perspective le rôle de la philanthropie (seul un quart des dons finance des actions spécifiquement en direction des pauvres), les auteurs concluent que le pire reste à venir. Les fonds fédéraux alloués en 2009 s’épuisent, les Etats renâclent à la dépense, les faillites municipales se succèdent, les contributions privées se tassent et les marchandages politiques portent maintenant sur les moyens de réduire les programmes sociaux et la dette fédérale (6). (...)

l’accroissement sans limites des inégalités et la concentration sans frein des pouvoirs entre les mains de quelques-uns auraient pour effet de les condamner à une sorte de vertige débilitant. A même de s’affranchir des règles qui régentent les organisations, les institutions et la société qu’ils dominent, ces 1 % seraient ravagés par l’insatiable satisfaction de leur libido, désormais sans objet.