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Tribune d’Eric Halphen : Juste de l’honnêteté
Article mis en ligne le 10 avril 2013

Si la faute d’un homme pouvait avoir le mérite de faire un peu bouger les choses, il y aura de quoi, sinon remercier Jérôme Cahuzac, du moins se féliciter que grâce à lui le débat soit (r)ouvert. Il ne faudrait pas cependant qu’en légiférant sous le coup de l’émotion comme cela a été si souvent le cas ces dernières années, on assène un chapelet de propositions que l’on jettera ensuite aux oubliettes à la vitesse d’un virement swift. Notre démocratie souffre tant des promesses non tenues qu’elle pourrait bien, si l’on n’y prend garde, ne plus se souvenir de ce qu’elle est.

Souvenirs. Il y a une vingtaine d’années, nous avions mis le doigt, Renaud Van Ruymbeke à Rennes, Thierry Rolland à Toulon et moi à Créteil, chacun dans notre coin, sur un compte bancaire suisse qui avait pour particularité d’alimenter à la fois Michel Reyt, c’est-à-dire le parti socialiste, Maurice Arreckx, donc l’UDF, et Jean-Claude Méry, à savoir le RPR. Autrement dit, un même donneur d’ordre, lié en l’occurrence à une grande société française spécialisée dans l’eau, finançait la quasi-totalité de la vie politique française, à l’exception notable du parti communiste qui lui préférait le muguet.

Nous avions alors écrit au Garde des sceaux pour qu’il ne ralentisse plus nos demandes d’enquêtes envoyées en Suisse à propos de ce compte. C’était l’époque où les juges, en particulier par l’Appel de Genève, réclamaient une meilleure coopération entre les différentes justices en Europe, c’était l’époque des affaires politico-financières. Personne, dans le monde politique, ne s’était alors ému, personne n’avait relayé nos avertissements. Rien n’a depuis été fait, ni pour aider l’action de la justice, ni pour modifier la façon de fonctionner en politique. Rien ou presque n’a changé.

C’est qu’on a dans le monde politique une grande indulgence pour le monde politique. Les comptes à l’étranger des uns, les paradis fiscaux des autres, les sociétés taxis utilisées par beaucoup, cela avait jusqu’ici tendance à faire sourire ou hausser les épaules, pas de quoi fouetter un chat en tout cas. Les gestionnaires de fortune, les pots de vins et les interventions formaient une sorte de maladie à peine honteuse qu’on connaissait sans la nommer, qu’on tolérait tel un mal nécessaire. Car on avait besoin de FI-NAN-CE-MENT. (...)