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Greek crisis
Traversées
Article mis en ligne le 8 octobre 2013

Il y a des moments où notre temps restant finit par s’emmurer pour de bon. C’est seulement dans ce sens, que certains se décident cependant d’y échapper... comme ils le peuvent, c’est-à-dire, en le brisant. Ultimes recours. Je me trouvais sur l’île de Chios pour un bref séjour parmi mes amis, lorsque la nouvelle venue avec la houle d’en face et de l’île de Lesbos, mit son terrible grain de sel dans nos débats déjà bien animés. Pavlos Fyssas venait d’ailleurs tout juste d’être assassiné par l’Aubedorien Yorgos Roupakias. Depuis Kardamyla sur l’extrémité nord de Chios, et au beau milieu de nos causeries, nous jetâmes alors un regard bien muet vers les montagnes de Lesbos.

Nous ne connaissions pas Manolis Marolias, cet enseignant, poète et chroniquer, vivant près de Skala Sykamias, village côtier situé au nord de l’île de Lesbos. Manolis, 58 ans publiait parfois ses chroniques dans la presse locale. Il fustigeait ainsi les attitudes idiotes d’en haut comme d’en bas, il détestait les hypocrisies, autant que les illusions systématiques et systémiques d’un corps social à la dérive.

Samedi 21 septembre, Manolis nous a alors accordé son ultime publication. “À nous tous. Hélas, ce qu’il y a de plus hideux et de si flagrant règne désormais sur notre pays, tel un cercle du sens orchestré par les ténèbres. Étant conscient qu’un seul grain de sable de la vérité est mieux capable à mobiliser les énergies que tout un agrégat entier d’illusions, ainsi qu’étant de pleine sobriété - à la manière de sentir le parfum de jasmin - j’ai alors décidé de volontairement mettre un terme au cercle de ma vie biologique, ne pouvant plus supporter l’atroce souffrance des conditions sociales actuelles. Portez-vous bien...”

Il s’est alors jeté de la forteresse de Méthymne (Molyvos), ancienne cité de Lesbos fondée par les Éoliens en bien d’autres temps. (...)