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Travail nocturne et dominical : « Les entreprises ne gagnent pas plus en ouvrant davantage »
Article mis en ligne le 5 décembre 2013

Philippe Askenazy, économiste chercheur au CNRS décrypte les avantages et les inconvénients de l’amplitude horaire élargie des magasins...

Avec le débat sur le travail de nuit et dominical relancé par Sephora, Castorama et Leroy Merlin, « 20 Minutes » a voulu savoir qui des clients, des salariés ou des entreprises étaient les gagnants et les perdants de l’amplitude horaire élargie. Les réponses de Philippe Askenazy, économiste directeur de recherche au CNRS.

L’élargissement de l’amplitude horaire des magasins est-elle réellement bénéfique à leur chiffre d’affaires, comme ils le soutiennent ?

Il n’y a aucune corrélation entre la libéralisation des horaires des magasins et le niveau de consommation dans un pays : les clients du dimanche seraient venus à un autre moment dans la semaine, si le magasin n’avait pas été ouvert. Par ailleurs, une plus grande amplitude horaire génère des frais fixes supplémentaires (électricité, nettoyage…) pour les entreprises du commerce. Elles ne gagnent donc pas plus en ouvrant davantage, mais prennent un avantage sur leurs concurrents. Les principaux perdants du système sont les petits magasins indépendants qui restent fermés ce jour-là.

Mais est-ce bénéfique à l’emploi ?

Pas vraiment, car comme la clientèle s’étale sur davantage de jours, les magasins prévoient moins de personnel en semaine pour en ajouter le dimanche. Ce système contribue donc à la réduction du nombre d’heures travaillées et favorise le partage du temps de travail. Aux Etats-Unis par exemple, les horaires élargis ont permis d’augmenter l’emploi de 1%, mais ont parallèlement contribué à la destruction d’emplois dans les petits commerces. Autre exemple parlant : la Bavière est la zone la plus prospère d’Europe et affiche un très faible taux de chômage. Pourtant les horaires des commerces sont les plus contraints en Europe. (...)