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Tout autour. Une oeuvre commune - Déclaration d’hospitalité n°4
Article mis en ligne le 18 septembre 2017

17 septembre 2017, journée européenne du patrimoine, nous publions une nouvelle salve de récits écrits à partir des témoignages qui nous parviennent quotidiennement. Ainsi s’augmente une archive au présent de l’hospitalité qui s’invente en France. "Tout autour. Une oeuvre commune" s’avère une pièce patrimoniale, un autre repère dans notre histoire.

Basile B., 25 ans, étudiant résidant à Paris, aide l’après-midi 6 septembre 2017 Yared A., Ethiopien de 17 ans, à remplir son dossier d’admission dans un CFA de restauration à Montreuil-sous-Bois. Il lui rédige notamment son CV et sa lettre de motivation. Le 13 septembre vers midi, Basile B. accompagne Yared A. dans un magasin de fournitures de bureau du 12e arrondissement de Paris afin de lui acheter des affaires pour la rentrée. Le 14 septembre, alors qu’il le reçoit chez lui pour boire un café, il lui offre un sac à dos beige qui l’avait accompagné au lycée.

Guido T., 32 ans, sans-emploi demeurant à Orly, accueille chez lui Mohammad Hussein Z. et Ahmad S., deux Afghans respectivement âgés de 27 et 18 ans le 28 juillet 2017 à 10h. Il leur fait visiter les deux pièces qui composent son appartement, leur explique le fonctionnement des appareils électroménagers. Après avoir partagé un café, il remet à chacun une feuille cartonnée sur laquelle il écrit les codes d’accès à son immeuble, les numéros de téléphone de ses voisins Zoé H. et Malik E., et dessine un plan du quartier indiquant la station de métro et les deux arrêts de bus les plus proches. Il leur remet un jeu de clés et quitte les lieux à 11h30, pour une durée d’une dizaine de jours.

Olivier F., 44 ans, intermittent du spectacle demeurant dans le 14e arrondissement de Paris, conduit au lycée Shahin H., Afghan sans papiers de 16 ans, le jour de la rentrée des classes, le 4 septembre 2017. En chemin, il se souvient leur première rencontre en Gare d’Austerlitz il y a 10 mois environ, ses mains gelées et tremblantes lorsqu’ils se sont salués, sa profonde fatigue les premiers jours de leur cohabitation dans ses 25 mètres carré.

Catherine N., 50 ans, éditrice demeurant dans le 20e arrondissement de Paris, reçoit chez elle Mahdi S., jeune homme Malien de 16 ans le 11 février 2017 à 11h. Il s’assoit sur le canapé, et reste quasiment muet, sans bouger pendant une heure. Catherine N. comprend que le jeune homme a faim, lui apporte diverses nourritures soucieuse que Mahdi S., dont la langue se délie peu à peu, y trouve son content. Dans un français hésitant, il lui apprend avoir vécu cinq mois dans les rues de Paris, et découvrir aujourd’hui pour la première fois ce qu’est un domicile parisien. Il restera chez Catherine N. près de trois mois, y apprendra à lire et écrire, y découvrira l’utilisation d’un smartphone, d’un micro-ondes, d’un lave-vaisselle, d’une machine à laver.

Basile B., 25 ans, étudiant résidant à Paris, rencontre Zayd E., Afghan d’une quinzaine d’années, le 3 février à 18h, sur un banc situé à quelques pas de la porte de la Chapelle à Paris. Jusqu’à 22h à peu près, ils s’échangent sur leur smartphone des vidéos de danse hip-hop. Basile B. invite ensuite Zayd E. à partager un sandwich grec, lui donne l’adresse du 104, espace culturel situé dans le 19e arrondissement où de nombreux danseurs de hip hop se retrouvent, et lui propose de l’y accompagner le lendemain soir.

Jo C., 64 ans, demeurant à dans le 19e arrondissement de Paris, donne un cours de français à une assemblée de migrants dans le quartier Jaurès à Paris le 11 septembre 2017. A 22h, il accueille chez lui deux jeunes Soudanais auxquels il offre le couvert et le gîte.

Thierry D., 32 ans, musicien demeurant à Vitry-sur-Seine accompagne Ali T., 37 ans, musicien afghan sans papiers, au tribunal de Bobigny afin qu’il y rencontre son avocat. Nous sommes le 27 mars 2017, il est 14h30. (...)

Cette archive se prolongera à la force de témoignages à nous faire parvenir à contact chez perou-paris.org. Elle sera lue dans de multiples lieux publics à partir du mois d’octobre, et transmise aux avocats des personnes poursuivies pour "délit de solidarité", avec le soutien du Syndicat de la Magistrature.