Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
l’Express
"Tous résistants" : les contre-vérités scientifiques de Louis Fouché
Article mis en ligne le 29 octobre 2021

Le livre de l’anesthésiste réanimateur, sorti jeudi 14 octobre, mélange pamphlet politique, guide spirituel et discours anti-science.

"Nous sommes dans un déferlement totalitaire de Khmers blancs technosanitaristes néolibéraux [...] Ces ingénieurs, ces financiers, ces marchands et ces politiciens sont l’instrument du déferlement totalitaire. Ils mangent la vie à tous les endroits où elle naît". Dès le premier paragraphe de son livre Tous résistants dans l’âme, éclairons le monde de demain, sorti le 14 octobre (ed. Trédaniel), Louis Fouché pose le décor. Les coupables sont tout désignés : "médias alarmistes, politiques dictatoriaux, scientifiques corrompus ou dogmatiques". Heureusement, lui et sa femme Carole Cassagne - qui travaille à l’IHU Méditerranée du Pr. Raoult - ont été "touchés par la grâce", écrivent-ils. La crise du Covid-19 est "une révélation, un dévoilement, une apocalypse" qui laissera place à un nouveau monde dont ils - et ceux qui croient en eux - seront "les héros que nous attendions". (...)

Louis Fouché minimise par exemple la crise du Covid-19 à plusieurs reprises. Sa gravité a été "surjouée", parce que la vérité scientifique serait "majoritairement établie par l’industrie pharmaceutique" et que les services hospitaliers y avaient tout intérêt afin de gagner plus de matériel, de postes et d’argent. Il n’hésite pas non plus à abonder dans le sens du Pr. Christian Perronne, lui-même grand adepte des contre-vérités scientifiques et figure des complotistes, selon qui le nombre de décès du Covid-19 a été exagéré. (...)

Depuis le début de l’année 2020, le Covid-19 a pourtant tué plus de 117 000 personnes en France et 4,87 millions dans le monde. Et encore, ce dernier chiffre est très probablement sous-évalué en raison du manque de tests et des difficultés à attribuer la cause du décès dans certains pays. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le nombre total de morts est probablement 2 à 3 fois plus élevés, soit entre 10 et 15 millions. Surtout, l’afflux soudain de patients se trouvant dans un état grave a mis à genoux le système hospitalier de très plusieurs pays, dont la France. Les établissements de santé, saturés, ont été forcés de retarder de nombreuses opérations et traitements d’autres patients, faute de place et dans le but de limiter les contaminations. Aujourd’hui, tous les experts s’accordent à dire que sans les mesures sanitaires et gestes barrières mis en place, la crise aurait été plus grave encore. Le Brésil, dont le président Jair Bolsonaro a longtemps nié la gravité de la maladie (il refuse toujours de se faire vacciner) et qui présente l’un des plus hauts taux de morts par million d’habitants (plus de 600 000 en tout), constitue un excellent cas témoin, tout comme le Royaume-Uni lors des premiers mois de la crise, lorsque Boris Johnson se moquait du coronavirus... Jusqu’à ce qu’il contracte la maladie et se range du côté des scientifiques. (...)