
(...) « J’exerce la pédopsychiatrie depuis 32 ans maintenant, j’ai exercé dans tous types de structures (hôpital public, cabinet libéral, médico-social associatif…) et j’ai toujours constaté une grande difficulté de terrain à faire protéger les enfants maltraités.
Les 15 premières années de mon exercice, j’ai plutôt assisté à des situations d’enfants maltraités, parfois gravement, qui n’étaient pas placés, pas aidés. Ils étaient laissés dans des familles totalement dysfonctionnelles. Ces dernières ne répondaient pas à leur besoin essentiel de sécurité. (Le besoin de sécurité est décrit par les chercheurs comme un Méta besoin de l’enfant c’est-à-dire un besoin supérieur à tous les autres).
Depuis 10-15 ans, les choses se sont aggravées : l’affaire d’Outreau a laissé se répandre dans tous les milieux (services sociaux, magistrats, médecins, psychologues…) l’idée que les enfants mentent ou fantasment des violences sexuelles, ou bien encore sont manipulés.
Nous assistons aussi à une véritable inversion de la notion de maltraitance dans bien des cas. Cela aboutit à ce que des enfants révélant des violences notamment sexuelles et soutenus par un parent (le plus souvent la mère) soient placés à distance de ce parent ou même confiés à la garde du parent qu’ils ont désigné comme maltraitant. Dans l’immense majorité des cas ces décisions se font au nom du SAP (Syndrome d’aliénation parentale) ou de termes apparentés. (...)
« En tant que médecin je ne peux que constater le fait que le syndrome d’aliénation parentale n’existe ni dans la classification internationale des maladies (CIM10) ni dans la classification des troubles mentaux (DSM5).
Je ne peux également que constater qu’aucune étude sérieuse n’a validé l’existence de ce syndrome. C’est d’ailleurs la cause première de sa non-figuration dans les classifications médicales internationales.
Utiliser cette notion pour un médecin psychiatre ou pour un psychologue revient donc à ne pas tenir compte de l’état des connaissances actuelles dans sa spécialité.
Malheureusement, la non-figuration dans les classifications n’est pas suffisante à faire disparaître l’utilisation abusive du terme « aliénation parentale ». (...)
« Le drame de l’utilisation du SAP ou des termes apparentés est que cela créée des ravages dans les situations de violences intrafamiliales.
Pour quelles raisons ? Parce que les différents intervenants ne sont pas formés à la reconnaissance de telles situations de violences, les représentations restent le plus souvent archaïques. En clair, les violences, ce seraient des femmes battues, couvertes de bleus, des enfants dans le même état. Mais ce n’est le plus souvent pas le cas, même si cela existe aussi. » (...)
Bien comprendre ce qu’est le contrôle coercitif (...)
On appelle violence vicariante la violence qui continue à s’exercer au-delà de la séparation sur la victime par l’intermédiaire de maltraitances faites aux enfants communs. (...)